Résumé de la 78e partie ■ Après le décès de son mari Claire s'était retrouvée sans aucune ressource et là, sa vie bascula... Et pour l'encourager dans sa besogne, il lui racontait qu'il faisait des placements avec son argent en vue de leur assurer un bel avenir au soleil, loin de la ville. Tout aurait pu continuer de façon aussi satisfaisante pour tout le monde si Fernand n'avait eu la bêtise de se faire tuer au cours d'une rixe entre malfrats. Claire découvrit alors que son protecteur l'avait bernée : en fait d'économies, il n'y avait même pas de quoi payer son cercueil. Claire se retrouva de nouveau seule... à ceci près qu'elle approchait maintenant des quarante ans ! Sans plus d'amour pour lequel se battre, elle ne put trouver en elle l'énergie pour éviter la dégringolade : de la clientèle dorée, elle passa en quelques mois à celle des hôtels de passe minables. Une jeune prostituée qui s'était prise d'amitié pour elle l'entraîna un jour à rejoindre un groupe de filles qui avaient décidé d'occuper une église pour attirer l'attention sur leurs revendications. Claire, qui n'avait jamais voulu remettre les pieds dans un tel lieu depuis ses sinistres années de pensionnat religieux, se sentit pourtant tout de suite à l'aise dans le groupe. Pendant les deux jours que dura l'occupation, elle contempla longuement un Christ cloué sur la croix qui dominait le maître-autel. Fut-elle touchée par la foi, ou portait-elle, profondément enracinés dans son cour, des sentiments très chrétiens ? En tout cas, à dater de ce moment-là, Claire commença à comprendre ce que signifiait la dignité de la personne humaine... C'était quelques jours plus tard qu'elle avait fait son dernier client, ce poissonnier ivre et bestial dont elle avait vidé le portefeuille. Jamais plus, elle se l'était juré, elle ne profanerait son corps, que le Créateur avait modelé à son image. — Comment aimez-vous vos œufs, monsieur le curé ? — Exactement tels que vous les avez cuits. Il y avait maintenant déjà une semaine que la nouvelle bonne du curé de Saint-Firmin était installée. Depuis la mort de la vieille Ambroisine, le désordre régnait dans le presbytère, mais Claire avait tôt fait de remettre chaque chose à sa place. Et cela en silence. Ce que le prêtre appréciait grandement. Quelle aubaine! Enfin une femme qui n'était pas bavarde ! C'était presque trop beau. — Reprendrez-vous du café, monsieur le curé ? — Volontiers. Vous le préparez très bien. Un peu de rose était monté aux joues de la femme, et le curé avait pensé qu'elle aurait pu être vraiment belle, si seulement elle s'en était donné la peine. Mais son visage restait la plupart du temps figé dans une expression sévère, et les informes robes noires qu'elle portait à longueur de journée masquaient son corps et ne révélaient rien de ses formes même si elles ne parvenaient pas pour autant à dissimuler complètement la grâce de sa silhouette. A suivre