Résumé de la 80e partie ■ Après le decès de sa tante Claire hérita de sa maison et de sa place de bonne de curé. Celle par exemple du facteur et de ce paysan qui habitait la ferme la plus reculée du village, déjà haut dans la montagne. Les deux hommes s'étaient querellés à propos de politique. Pour se venger, le paysan s'était abonné à un quotidien, ce qui avait obligé le facteur à gravir tous les matins le raidillon escarpé qui menait à la ferme pour venir apporter le journal. Il avait fallu l'intervention du maire et du curé pour faire cesser le supplice du facteur. Ce récit avait fait rire aux éclats la servante. Et quand Claire riait, elle devenait une autre femme. Trois mois s'étaient écoulés depuis son arrivée lorsque, une nuit, un violent orage avait éclaté. La foudre était tombée sur le clocher de l'église, faisant trembler les vieux murs, tandis qu'une pluie de tuiles s'était abattue sur le jardin. Le curé était sorti de sa chambre au moment où Claire quittait la sienne. Le curé avait pris le temps de s'habiller, mais sa servante ne portait qu'un simple peignoir assez léger et ses cheveux défaits flottaient sur ses épaules. Cette vision avait troublé le prêtre plus qu'il ne s'y attendait. — J'ai cru que la maison s'effondrait ! avait dit Claire d'une voix tremblante. Le curé s'était ressaisi : — Rassurez-vous ! Ce ne sont que quelques tuiles que le vent a détachées. La foudre est tombée sur le paratonnerre... Mais... vous entendez ?... C'est la sirène des pompiers... La foudre a dû aussi tomber ailleurs. J'y vais ! — Oh, non ! N'y allez pas, monsieur le curé ! C'est dangereux! s'était écriée Claire en agrippant la main du prêtre. L'homme avait ressenti ce geste comme une brûlure sur sa peau, mais il avait su répondre avec gravité : — Tous les hommes valides doivent donner l'exemple. L'orage avait laissé des séquelles. Non seulement dans le jardin du prêtre - plusieurs massifs de roses avaient été gravement endommagés par les tuiles tombées du toit -, mais aussi dans son esprit. Jamais, jusqu'alors, il n'avait été troublé par une femme. Aîné d'une famille de sept enfants, le petit Louis Plançon n'avait retenu, de la vie de couple, que le devoir et le sacrifice, car tout plaisir semblait absent de la vie de ses parents. Très jeune, le garçon avait ressenti l'appel de Dieu et son existence de novice puis de prêtre s'était écoulée paisiblement. Le service du Seigneur et la culture des roses comblaient largement tout le besoin d'amour que pouvait éprouver l'abbé Plancon. Et voilà qu'à quarante-six ans sa paix intérieure se trouvait menacée à cause d'une femme. Et cette femme était sa bonne ! Ah, le Malin portait décidément bien son nom ! Il se manifestait quand et où on ne l'attendait pas... De son côté, Claire, avec son instinct de femme, n'avait pas pu ne pas deviner l'impression qu'elle avait produite sur le prêtre lors de cette fameuse nuit d'orage. A suivre