Recul ■ Le Sahara Blend, brut de référence algérien, a baissé de plus de 8 dollars en novembre, à 79,60 dollars le baril contre 87,61 dollars en octobre dernier. Ce sont les chiffres publiés hier, mercredi, par l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP). Le Sahara Blend, considéré comme l'un des bruts les mieux cotés du panier OPEP, devrait clôturer l'année 2014 avec une moyenne de prix de 102,95 dollars le baril, en baisse de près de 6 dollars par rapport à 2013 (109,10 dollars). Ce recul ne peut qu'être de mauvais augure pour la balance commerciale algérienne et la perspective économique du pays, et ce, en dépit des assurances des pouvoirs publics. Les ministres des Finances et celui de l'énergie ne cessent de minimiser l'impact de la chute des prix du pétrole sur l'économie algérienne. «Les équilibres financiers de l'Algérie ne seront pas affectés par la chute des cours du pétrole», a déclaré le ministre des Finances, ajoutant que le gouvernement disposait de mécanismes à même de parer à ce genre de situations. Mohamed Djellab a indiqué que cette baisse figurait parmi les «questions prises en compte par le gouvernement, qui a étudié toutes les éventualités et mis en place tous les scénarios» découlant de cette baisse. Concernant l'impact de la chute des cours du pétrole sur les projets programmés par le gouvernement, Djellab a réaffirmé la détermination du gouvernement de diversifier les sources de financement des projets de développement à travers le recours au marché financier au lieu de compter uniquement sur le budget de l'Etat. Même son de cloche chez Youcef Yousfi, mi-nistre de l'Energie, qui a tenté vainement de convaincre l'opinion publique sur l'absence de menace sur l'économie algérienne, évoquant une réunion d'urgence de l'OPEP, avant celle prévue au mois de juin. «Nous allons poursuivre nos efforts par le dialogue avec l'OPEP et avec les producteurs hors OPEP pour réduire un excédent estimé à deux millions de barils par jour», a-t-il déclaré à l'ENTV. «Nous pourrions avoir une réunion d'urgence avant juin», a-t-il ajouté.Sur le court terme, cet optimisme pourrait se justifier par le niveau de réserves de change conséquent, soit 195 milliards de dollars, répond l'ancien PDG de Sonatrach. Abdelmadjid Attar a mis en garde contre «un risque réel de crise économique aiguë au cours des trois prochaines années en cas de poursuite de la chute des prix du baril». «L'Algérie n'investit que pour consommer», déplore-t-il, affirmant ne pas attendre grand-chose de la réunion de l'OPEP. «Même si elle décide de réduire sa production, son impact sera limité», car il faudrait «une réduction de 2 millions de baril / jour pour espérer influer sur les prix», a-t-il expliqué. Attar s'est même montré catégorique : «La crise du milieu des années 80 pourrait se répéter si le baril descendait sous la barre des 60 dollars». Une situation, fort probable, qui pourrait pous-ser les autorités à réduire les subventions sur les produits alimentaires, augmenter les prix du carburant et réduire les importations, avertissent d'autres experts. Ces derniers n'hésitent pas à évoquer, dans le cas où les prix continuent leur baisse, de grandes turbulences politiques et sociales. En chute libre depuis leur pic de juin dernier, les prix du pétrole souffrent de la faible activité économique mondiale et de prévisions d'une offre très abondante en brut l'an prochain dans un marché déjà bien approvisionné.