HuffPost Algérie | Par Malik Tahir Publication: 27/11/2014 08h01 CET Mis à jour: 27/11/2014 11h27 CET Les officiels algériens, de ministre des finances à celui de l'énergie, continuent de le répéter : la chute des prix du pétrole est sans impact sur l'économie algérienne. Sur le court terme, cet « optimisme » se justifie par un niveau de réserves de change conséquent (195 milliards de dollars) qui couvre trois ans d'importation de marchandises. Pour l'année 2014, le prix moyen du baril algérien s'établira à 100 dollars, selon le ministre des finances. La situation pourrait être beaucoup moins soutenable en 2015. Le gouvernement sera contraint de piocher dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) dont le niveau est de 5000 milliards de dinars (plus de 48 milliards d'euros) pour couvrir le déficit. Avec un baril qui est sous la barre des 80 dollars et qui pourrait même plonger vers 60 dollars, les bases de la prévision du budget 2015 – un prix moyen du Sahara Blend de 100 dollars – risquent d'être caduques. Le gouvernement qui dépense beaucoup devra, probablement, faire une loi de finances complémentaires pour prévoir des coupes budgétaires. Il est peu probable que les subventions aux produits alimentaires soient touchées mais une hausse des prix du carburant, l'un des plus bas au monde, pourrait être à l'ordre du jour. L'Algérie pourrait aussi être contrainte de prendre des mesures pour réduire les importations dont le niveau explose et pourraient atteindre, en 2015, le montant faramineux de 65 milliards de dollars, selon les prévisions officielles. Certains experts n'hésitent pas à rappeler le scénario catastrophe du milieu des années 80 où la chute drastique des prix du pétrole a ouvert le chemin des grandes turbulences politiques et sociales entamées avec les émeutes d'octobre 1988. L'Algérie, note EL Watan, n'a pas profité de l'embellie financière de la longue période du baril fort (de plus de 100 dollars) pour diversifier son économie et réduire la « tendance boulimique des importations » va se retrouver à recourir au Fonds de régulation des recettes (FRR), « seule bouée de sauvetage à court terme ». Le pire est à venir « Lorsqu'on met sur la balance, les 60 milliards de dollars de recettes d'exportation projetées par le ministre de l'Energie et les 110 milliards de dollars de dépenses prévues par la loi de finances 2015, il y a de quoi s'inquiéter pour les équilibres financiers du pays ». L'ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, évoque un risque de crise économique « aigue » au cours des trois prochaines années en cas de poursuite de la chute des prix du baril. « L'Algérie, regrette-t-il dans une déclaration à Echourouk, n'investit que pour consommer ». Attar déclare ne pas attendre grand-chose de la réunion de l'OPEP. Même si elle décide de réduire sa production, son impact sera limité. Il faudrait, selon lui, une réduction de 2 millions baril-jour pour espérer influer sur les prix. Pour lui, la crise du milieu des années 80 pourrait se répéter si le baril descendait sous la barre des 60 dollars. « Il y aura même une crise mondiale dans ce cas de figure » a-t-il ajouté en estimant qu'il est temps pour l'Etat de « dépenser en fonction des besoins des citoyens et non en fonction de leurs désirs ». * facebook * twitter