Annonce ■ «La direction palestinienne a décidé d'aller devant le Conseil de sécurité (de l'ONU) mercredi pour qu'il vote le projet (demandant) la fin de l'occupation» israélienne d'ici 2016. C'est ce qu'a déclaré hier Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cette annonce a été faite au moment où le secrétaire d'Etat américain John Kerry multiplie les entretiens en Europe pour tenter de relancer le processus de paix. Le dernier round de négociations de paix israélo-palestiniennes initiées en 2013 par M. Kerry a échoué en avril 2014 après neuf mois d'efforts. Face au blocage, la direction palestinienne a fait le choix d'en passer par la communauté internationale. Mais le projet palestinien risque de se heurter au véto des Etats-Unis. Washington s'oppose à toute mesure unilatérale des Palestiniens visant à obtenir de l'ONU la reconnaissance d'un Etat, jugeant qu'il doit être l'aboutissement de négociations de paix. S'ils n'obtiennent pas le vote d'une résolution qui leur convienne, les Palestiniens menacent d'adhérer à la Cour pénale internationale (CPI), comme leur statut d'Etat observateur non membre à l'ONU, obtenu en novembre 2012, leur en donne le droit. Ce qui ouvrirait la voie à des plaintes contre Israël pour crimes de guerre à Gaza. Le représentant palestinien à l'ONU, Ryad Mansour, a cependant nuancé ces menaces jeudi : le vote de la résolution et l'adhésion à la CPI «ne sont pas nécessairement liés», a-t-il expliqué. Les Palestiniens veulent profiter de la multiplication des décisions de Parlements européens (France, Royaume-Uni, Espagne, Irlande, Portugal) invitant leurs gouvernements à reconnaître un Etat palestinien. Selon l'Autorité palestinienne, quelque 135 pays dans le monde reconnaissent l'Etat de Palestine, le dernier en date étant la Suède. Interrogé sur le projet de résolution que la Jordanie avait fait circuler le mois dernier au nom des Palestiniens et qui réclamait d'ici à novembre 2016 un retrait israélien de «la totalité des territoires occupés depuis 1967», un responsable du département d'Etat a déclaré : «Ce n'est pas la façon dont, je pense, il nous faut appréhender une négociation très compliquée en imposant une échéance de deux ans.» M. Kerry a entamé hier une tournée de trois jours en Europe. Il doit s'entretenir ce lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a rejeté catégoriquement l'idée d'un retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici deux ans. «Nous sommes confrontés à la possibilité d'une attaque diplomatique, autrement dit une tentative de nous imposer par des décisions de l'ONU un retrait aux lignes de 1967 dans un délai de deux ans (...) Nous ne le permettrons pas. Nous le rejetterons fermement», a-t-il martelé hier. Outre M. Netanyahu, M. Kerry rencontrera ce lundi à Paris les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères, ainsi que la chef de la diplomatie européenne. John Kerry s'entretiendra par ailleurs demain à Londres avec le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi. «Notre objectif est d'écouter les différents acteurs (...) et dans la mesure du possible, trouver un chemin commun», a déclaré un des responsables du département d'Etat. «Nous voulons tous désamorcer les tensions et réduire le potentiel de violence, nous voulons tous garder en vie l'espoir d'une solution à deux Etats».