Les Américains, qui s'opposent à toute mesure unilatérale des Palestiniens, pourraient brandir leur veto. « La direction palestinienne a décidé d'aller devant le Conseil de sécurité pour qu'il vote le projet (demandant) la fin de l'occupation israélienne », déclare Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), au terme d'une réunion à Ramallah, en Cisjordanie. La Ligue arabe qui soutient ce projet, a dépêché hier son secrétaire général, Nabil Al Arabi, à Paris, pour s'entretenir avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. « La Ligue a entrepris une action diplomatique intense pour la mise en œuvre du plan arabe visant la fin de l'occupation israélienne de la Palestine, arrêté le 29 novembre dernier au Caire en présence du président palestinien Mahmoud Abbas », explique Mohamed Sbih, son secrétaire général adjoint chargé des Affaires de la Palestine et des territoires arabes occupés. Et de préciser : « La rencontre d'Al Arabi avec le ministre français permettra de connaître la vision de la France concernant le projet de résolution à soumettre au Conseil de sécurité. » Benjamin Netanyahu rejette toute idée de retrait de Cisjordanie et d'Al Qods-Est, d'ici deux ans. « Un retrait aux lignes frontières de 1967 nous amènerait les islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel-Aviv et au cœur d'Al Qods », dit-il. « Nous le permettrons pas. Nous le rejetterons fermement et de façon responsable », ajoute-il, avant de se rendre à Rome pour rencontrer, John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, pour discuter de cette « offensive diplomatique palestinienne ». Les Américains estiment, à l'instar des Israéliens, que la résolution du conflit doit résulter de la négociation directe entre les deux parties. Comme pour prouver qu'ils sont neutres et « éviter que la situation au Proche-Orient ne se détériore encore davantage », ils ont chargé leur secrétaire d'Etat de faire une tournée de trois jours en Europe pour écouter les différents acteurs européens (les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères et la nouvelle chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini) entendre leurs points de vue, et dans la mesure du possible, trouver un chemin commun et réfléchir sur l'initiative européenne pour « encourager un redémarrage rapide du processus de paix israélo-palestinien ». Face au très probable veto américain, la France a lancé des consultations avec Londres et Berlin, puis avec Washington et Amman, pour mettre au point un texte de consensus qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité. Ce texte appellerait à la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, sur la base d'une série de grands principes comme la coexistence pacifique d'Israël et d'un Etat palestinien et fixerait un calendrier. « En l'absence de calendrier, comment convaincre qu'il ne s'agira pas d'un énième processus sans perspectives réelles ? », déclare Laurent Fabius, mentionnant un délai de deux ans et une conférence internationale pour encadrer et soutenir ces négociations, avec la participation des pays arabes. Le patron du département d'Etat, qui admet que « personne ne veut assister à une escalade qui peut déboucher sur une explosion », prévoit de rencontrer, aujourd'hui, à Londres, Saëb Erakat, le chef des négociateurs palestinien et Nabil Al Arabi. En cas d'échec du projet de résolution et de l'incapacité de la Ligue à élaborer avec les Européens un texte permettant le retour à la table des négociations, l'Autorité palestinienne a annoncé qu'elle solliciterait son adhésion à diverses organisations internationales, dont la Cour pénale internationale, ce qui lui permettrait de demander des poursuites contre des responsables israéliens.