Nouveauté ■ Comme à chaque nouvelle parution aux éditions Chihab, une rencontre est organisée avec l'auteur au siège de Bab el Oued. Hier, c'était au tour de Nassira Belloula de présenter son dernier livre Terre des femmes. L'auteure, installée au Canada, venue une première fois lors du dernier Salon International du livre d'Alger est repartie, sans avoir eu la possibilité de présenter son roman à ce rendez-vous international. A cet effet, Azzedine Guerfi comme pour s'excuser auprès de la romancière ,a glissé un mot sur le départ précipité de Nassira Belloula dû à de petits inconvénients éditoriaux. Qu'à cela ne tienne, tout est rentré dans l'ordre. Hier après-midi nous avons eu le plaisir d'entendre Nassira Belloula parler de Terre des femmes. Un livre qui vient à point nommé, de l'avis de l'éditeur, remédier un vide dans la littérature algérienne, puisque, a-t-il souligné, il y a très peu de textes sur les Aurès. Les Aurès, terres Chaouias, montagnes fières, arides, génitrices de femmes libres bien avant que ne soit galvaudé le terme «féministe» en ces siècles dits de modernité. Femmes altières, indépendantes, affranchies des tabous coutumiers et qui ne sont autres que les immortelles «aazriates». Considérant la liberté féminine comme une réalité millénaire dans cette partie du Maghreb musulman à savoir les monts des Aurès, l'écrivaine revient à la source en référant aux aazriates, courtisanes, poétesses, un peu déesses, un peu libertines et énormément vaillantes. Les indomptables de Ouled Abdi. Il est vrai que, explique-t-elle, le roman commence avec le viol, mais là, la violence sur le corps d'une jeune fille n'est «que symbolique. Quand j'ai commencé à écrire, l'agression sexuelle n'était pas très importante en elle-même. C'est la goutte de sang sur l'ongle qui la marquera à jamais, qui va la construire, la modeler pour faire d'elle un être de force et de courage». Mettant des mots sur son attachement aux Aurès, Nassira Belloula le définit comme «charnel ». Ce sont ces hauteurs naturelles qui l'ont vu naître, pétri de toutes leurs senteurs, bercé de leurs voix. Et c'est justice que de voir l'écrivaine construire une histoire autour de cette partie de l'Algérie et du courage de ses femmes. L'attachement qu'elle voue, autant que ses héroïnes, à la terre Chaouïa «s'étend à toute l'Algérie», reconnaît-elle. Revenant sur les recherches historiques, elle admet qu'elles «se sont avérées incontournables comme références pour parler de l'origine des faits réels qui ont marqué la région». Cependant, elle ne renie pas le volet romanesque de son œuvre «une fiction» dont, dit-elle, le socle est «une filiation féminine s'étendant sur 120 ans. J'ai puisé dans le patrimoine, la vérité et l'inspiration de mes grandes tantes.» L'auteure, dont la liberté de la femme est une deuxième religion, n'a-t-elle pas déclaré un jour que «le féminisme est en lui-même une culture». Pour cette raison, elle dit de «ses femmes» de la terre, pour ne pas dire paysannes, «...qu'elles sont en lutte sur tous les fronts, contre elles-mêmes, contre les spoliations de leurs terres pour qui elles entretiennent une relation intime. On est alors dans cette Algérie nationaliste où l'on doit résister de jour en jour...» Pour clore cette rencontre, Azzedine Guerfi à lu quelques passages décrivant les héroïnes de «Terre de femmes». Nous reviendrons prochainement avec plus de détails sur le roman dans une note de lecture.