Position ■ Des centaines de jeunes se sont rassemblés hier mardi dans deux villes du Sud pour protester contre l'exploitation du gaz de schiste quelques jours après un premier forage pilote dans le pays. Une commission composée d'experts parmi lesquels figure notamment l'ancien P-DG de Sonatrach Abdelmadjid Attar, est attendue, ce mercredi à In Salah pour rencontrer les représentants des manifestants contre l'exploitation du gaz de schiste, selon Mahmoud Guemama, député du FLN pour la wilaya de Tamanerasset cité pat TSA. But : débattre avec la population sur l'exploitation du gaz de schiste. «Selon les informations que j'ai, une commission d'experts dont fait partie l'ancien P-DG de Sonatrach, M. Attar, va expliquer aux gens cette question de gaz de schiste», assure notre interlocuteur qui rappelle que le déplacement de cette commission d'experts a été revendiqué par les protestataires. Contacté par TSA, Abdelmadjid Attar n'a pas souhaité confirmer l'information. «Pour l'instant, il ne s'agit pas d'une question de production. Actuellement, c'est une question d'expérimentation», précise M. Guemama. Cette question d'exploitation du gaz de schiste a suscité jusqu'ici colère et incompréhension de la part des populations du Sud. La première manifestation s'est déroulée devant la siège de la wilaya de Tamanrasset alors que la seconde a eu lieu devant la daïra d'In Salah. Ils étaient près de 400 jeunes qui se sont regroupés devant le siège de la wilaya de Tamanrasset pour protester contre l'exploitation du gaz de schiste. «Les étudiants protestent et réclament l'arrêt du projet», «non au gaz de schiste», proclamaient des banderoles brandies par les manifestants. Des jeunes s'étaient dans une première étape rassemblés devant le siège de l'APC de Tamanrasset, avant de se diriger vers celui de la wilaya. «Cette action de protestation sera poursuivie jusqu'à l'obtention de la suspension de l'opération d'exploitation du gaz de schiste dans la région d'In Salah, en raison de ce qu'elle engendre comme menace sur l'environnement», a affirmé un étudiant. L'autre rassemblement de citoyens qui s'est déroulé devant le siège de la daïra d'In Salah, a entraîné la paralysie quasi-totale de cette ville, selon un responsable local. Le wali de Tamanrasset, Mahmoud Djamaâ, s'était déplacé lundi à In Salah pour rencontrer les représentants de la population locale et tenter de parvenir avec eux à un accord sur la question, susceptible de mettre fin à cette action de protestation qui secoue la ville depuis le milieu de la semaine dernière. La manifestation contre l'exploitation du gaz de schiste a gagné du terrain dans plusieurs régions du sud du pays. Il s'agit notamment de la ville d'El-Menea, située à 270 km du sud de Ghardaïa. «On pompe le gaz à In Salah, et il s'en va à l'étranger, on pompe l'eau à In Salah, et elle va vers Tamanrasset, on pompe l'électricité à In Salah, et elle va vers les autres wilayas» ont crié les manifestants. De façon pacifique et en signe de solidarité avec les citoyens de Tamanrasset et d'In Salah, plusieurs personnes se sont rassemblées devant le siège de la daïra de cette ville pour bloquer l'accès au premier forage de gaz de schiste en Algérie. L'objectif principal de ce mouvement de solidarité est «de mettre la pression sur les pouvoirs publics pour les inciter à faire marche arrière sur l'exploitation du gaz de schiste», ont clamé des manifestants. Ces derniers demandent l'ouverture d'un dialogue avec les représentants des manifestants, et ce, pour mettre toute la lumière sur ce dossier. Autrement dit, ils veulent de vrais arguments. «Si l'Etat veut forer pour extraire le gaz de schiste, il faudra qu'il nous démontre via des experts au dessus de tout soupçon que cette activité est sans danger pour l'humain, la faune et la flore», ont-ils soutenu. Rappelons que le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi a annoncé le 27 décembre que l'Algérie venait d'effectuer «avec succès» son premier forage pilote de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet à In Salah, le qualifiant de «très prometteur».