Portrait ■ Fatiha Berber, la grande dame du cinéma algérien, du théâtre et de la télévision, est décédée, hier, à Paris, à l'âge de 70 ans, des suites d'une crise cardiaque. Considérée comme une artiste complète, Fatiha Berber, qui restera l'une des plus grandes artistes que notre pays ait connues, a débuté sa carrière avec le chant, la danse, et depuis l'indépendance elle a beaucoup donné – et le meilleur d'elle-même – en tant que comédienne et actrice. De son vrai nom Fatiha Blal, Fatiha Berber, à qui beaucoup d'hommages ont été rendus, dont un en 2009 à Alger (Théâtre national algérien) et un autre en 2014 à Tizi Ouzou (Théâtre régional Kateb Yacine), est née le 11 février 1945 à La Casbah d'Alger. Elle est issue de la tribu des Blal, de Koudiat Laraïs, de la commune de Legata, dans la vallée de Oued Issers, dans la partie centrale de la wilaya de Boumerdès. Très jeune, elle avait un penchant, voire un goût prononcé, pour l'art. C'est donc dans son tout premier âge qu'elle s'initiait à l'art. Elle allait au théâtre avec ses parents assister à des spectacles de Mahieddine Bachtarzi, ce qui l'a mise sur le chemin du conservatoire d'Alger vers la fin des années 1950. C'est à ce moment qu'elle a connu ses débuts artistiques. Celle qui déclarait à chaque fois que «la vie artistique lui a beaucoup apporté, notamment sur le plan humain», a débuté sa carrière avec le chant, en 1959, dans l'orchestre de Meriem Fekkaï, avant de rejoindre quelques mois plus tard le conservatoire d'Alger dans la section «Art dramatique». Repérée par le metteur en scène Mustapha Gribi, elle décroche, la même année, un rôle dans la pièce Les femmes savantes, une adaptation de l'œuvre de Molière. Comme tous les Algériens et Algériennes, Fatiha Berber participe à la lutte de Libération nationale. A l'indépendance, elle retrouve le chemin de l'expression artistique et renoue avec l'art de la représentation au théâtre, au cinéma, à la télévision et à la radio. Côté théâtre, elle entame alors d'autres rôles. Elle joue dans les pièces de Rouiched dont Ah Ya Hassen et Les concierges et de Abderrahmane Kaki, notamment Les chiens et Diwan el garagouz. Outre l'art des planches, Fatiha Berber, connue pour son parcours aussi riche que diversifié, s'était admirablement illustrée dans le cinéma en interprétant plusieurs rôles dans de nombreux films, dont Hassan taxi, Fait divers et Aila Ki Nas, ainsi que dans plusieurs téléfilms, dont El Masir (le destin) et El Bedra 1 et 2 (La graine) et El la'ib (Le joueur). Fatiha Berber, pour qui l'art est sa raison d'être, sa constante recherche de la vérité et de la sérénité, avait tant donné à la culture algé-rienne. Elle avait consacré sa vie avec amour et passion à l'expression artistique aussi bien théâtrale qu'audiovisuelle. Son riche parcours artistique est jalonné d'expériences diverses, mais surtout de rencontres, de belles rencontres qui, au fil de sa carrière, sont devenues ses compagnons de route, des amis, à savoir Rouiched, Mohamed et Saïd Hilmi, Sid Ali Kouiret, Nouria...