L'exposition collective ‘'Chawarih'' (rues), regroupant les œuvres de dix jeunes photographes de différentes régions d'Algérie, a été inaugurée samedi à «La Baignoire», un espace culturel inédit situé dans les locaux d'une entreprise privée du centre d'Alger. Agés entre 20 et 30 ans, ces artistes, majoritairement amateurs, et dont la réputation s'est d'abord faite grâce aux réseaux sociaux, explorent les territoires urbains de plusieurs villes algériennes, à raison de dix clichés par photographe, représentant des scènes de vie, des paysages ou encore des portraits. En couleur ou en noir et blanc, cherchant à capter l'émotion des sujets ou à susciter une réflexion chez le visiteur par différents effets techniques, ces photographies proposent une diversité de regards sur la société algérienne et sur l'interaction des citadins avec leur environnement. Parmi les photographies les plus remarquées de cette exposition -dont le vernissage a attiré un nombre important de visiteurs- la série «Vitrines» de l'Algérois Youcef Krache, qui saisit les moments d'attente des usagers des transports en commun de la capitale. Figés dans différentes postures derrière les vitres des bus, ces hommes, ces femmes et ces enfants, deviennent comme «des sculptures» sous l'objectif du photographe qui explique avoir voulu immortaliser ces «moments parti-culiers et interminables» d'attente que subissent ces Algérois, en travaillant également sur le reflet des visages. Avec un intérêt semblable pour les sujets qu'il photographie, Malek Bellahsene de Béjaïa propose, de son côté, une méditation sur la «solitude» humaine à travers des clichés réalisés à Alger, Blida, Ouargla et dans sa ville natale. Plus étranges et oniriques, les photographies en couleur de Sonia Merabet (26ans) jouent sur les contrastes formés par le ciel nocturne et étoilé de Djanet (sud) qu'elle a photographié à partir d'une terrasse. Intitulée «Extraterrestre» cette série de clichés, qui renvoie à l'univers des films de science fiction, propose de suivre le déplacement du reflet de la plaine lune sur les murs, donnant un effet irréel et inquiétant aux paysages. D'autres artistes ont choisi d'évoquer des lieux particuliers de la capitale algérienne, à l'exemple de Mehdi Boubkeur et sa série consacrée au sinistre «Pont des suicidés» dans le quartier de Telemly ou encore de Redouane Chaïb, parti à la rencontre de gens qui fréquentent la plage populaire «Kaâ Essour» (littéralement le fond du rempart) à Alger.