Interrogation ■ Qu'est ce qui se passe dans le sud du pays ? La question est sur toutes les lèvres depuis un moment en raison de la multiplication des manifestations de colère et des scènes d'affrontement dans cette région considérée jusqu'à un passé récent comme un havre de paix. Tout a commencé à Ghardaïa, où des affrontements sanglants ont été enregistrés entre les mozabites et les chaâmbas au début de la décennie 2000. A l'époque, d'aucuns pensaient à un «accident de parcours», tant les populations locales ont la réputation d'être calmes et pacifiques. Alors que tous les regards étaient braqués sur la vallée du M'zab, la wilaya de Ouargla défraie la chronique en devenant, à son tour, un foyer de tension. Pour protester contre leur situation de chômeurs, des jeunes de la région initient un mouvement de protestation qui va les conduire jusqu'à affronter les forces de l'ordre. Malgré les mesures prises par le gouvernement, la contestation ne s'est pas estompée. Bien au contraire, elle s'est propagée à d'autres wilayas limitrophes, comme Laghouat. Récemment, ce sont les habitants de In-Salah, dans la wilaya de Tamanrasset, qui sont montés au créneau pour s'opposer à l'exploitation du gaz de schiste. Même si les premières actions qu'ils ont organisées n'ont pas été suffisamment médiatisées, cela ne les pas empêchés de continuer leur combat. Il est clair qu'un vent de protestation est en train de souffler sur le Sud pour des raisons diverses et variées. Mais la principale demeure ce sentiment d'abandon que l'on retrouve chez les habitants de la région. Pour bon nombre d'entre eux, les wilayas du Sud n'ont pas bénéficié des mêmes moyens que leurs homologues du Nord. Chose qu'ils n'arrivent pas à comprendre, ceci d'autant plus que «toutes les richesses du pays se trouvent chez nous», affirment-ils à chaque fois. Dans un discours prononcé il y a quelques semaines, à l'ouverture des travaux du bureau politique de son parti, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, ne s'est pas empêché de déclarer que l'Etat «a abandonné le Sud». «Est-il normal que tous les centres de formation soient situés dans le Nord ? Les policiers, les gendarmes, les douaniers et les administrateurs sont tous formés dans le Nord. Les grands projets sont attribués aux régions du Nord. Qu'a-t-on fait pour le Sud ?», s'est-t-il notamment interrogé.