Formes totémiques en émail, visages ancestraux gravés sur le cuivre, signes amazighs ou personnages surgissant dans l'espace de la Toile, les œuvres de Mustapha Adane témoignent d'une carrière orientée depuis plus de 50 ans vers la sublimation et la préservation du patrimoine algérien dans toute sa diversité. Exposées jusqu'au 28 février à la galerie Bouffées d'art à Alger, une quarantaine d'œuvres réalisées en grande majorité grâce à la technique de l'émail sur cuivre, invitent les visiteurs à découvrir ou redécouvrir le travail de cet artiste, fondateur (avec d'autres comme Mesli, Martinez et Baya) du groupe «Aouchem» à la fin des années 1960. Fondé en 1967, le groupe «Aouchem» (tatouages) se revendiquait un art qui se démarque de «l'abstraction» et de «l'orienta-lisme» européens en s'inspirant des «grands thèmes formels du passé algérien». La technique de l'émail sur cuivre, utilisée depuis la haute antiquité et héritée de l'art po-pulaire algérien, comme l'explique Mustapha Adane dans le texte de présentation de son exposition, confère à ses œuvres un relief et une brillance particulières qu'il accentue en multipliant les couleurs et les signes inspirés du patrimoine iconographique maghrébin. «Tifinagh» (en référence à l'alphabet amazigh), «Tassili», «Casbah» ou encore «Berbère» ou «Touareg» sont autant de titres évocateurs qu'il donne à ces pièces, obtenues après plusieurs cuissons de plaques de cuivre et travaillées avec minutie par l'artiste lui-même. Il propose également des toiles en acrylique plus abstraites, où l'observateur attentif finira par voir surgir des visages entre des lignes enchevêtrées ou arborescentes. De face ou de profil, les visages humains sont aussi magnifiés dans des toiles titrées «Si flane» (monsieur untel) ou encore «Chaco avec son enfant», en hommage aux femmes de la région des Aurès. Outre les tableaux, Mustapha Adane expose aussi des sculptures en métal ou réalisées avec la technique de l'émail sur cuivre.