Mustapha Adane, artiste plasticien, émailleur, sculpteur, médailleur, peintre, dessinateur et calligraphe, expose au Palais des arts et de la culture du Bastion 23 depuis le 9 février dernier et ce jusqu'au 2 mars prochain. Son œuvre picturale, à la fois attachante, foisonnante et multiple, forme un ensemble assez homogène qui retrace l'évolution de sa carrière qui s'étale sur une cinquantaine d'années. Elle révèle également une quête de soi et de l'absolu. Ses cent trente-six tableaux entre toiles, sculpture et peinture sur céramique, exposés à cette occasion, s'inscrivent en droite ligne dans Aouchem, mouvement artistique s'il en est, qui prône la liberté de la création. « Portrait numide », « Tifinagh », « Maman berbère », « Louisa » ou encore « Autoportrait » qui, entre autres, ornent les murs du Palais d'art et de la culture du Bastion 23 sont une parfaite illustration de la liberté à laquelle il aspire. Du point de vue sentimental, outre le tourment qui hante l'artiste, l'œuvre de M. Adane, révèle, chez ce dernier, une angoisse métaphysique et existentielle, empreinte de tristesse et de mélancolie. D'autant qu'elle exprime également un sentiment d'inquiétude et des questionnements sans réponses. Le plasticien s'inspire de la vie. Sensible à ce qui se passe en terre palestinienne, écœuré par les pratiques inhumaines de l'armée israélienne, il réalise « Gaza » et « Le papillon calciné de Gaza », deux tableaux d'une rare beauté, où il immortalise la souffrance du peuple palestinien. Les toiles montrent des corps humains meurtris, humiliés, jetés pêle-mêle, et un papillon qui peine à voltiger, ses ailes étant brûlées. L'artiste plasticien excelle, côté technique, dans l'art de l'émaillage sur cuivre. Cette technique est connue depuis longtemps dans notre pays, dût-elle ne pas être enseignée. Aussi demeure-t-elle un art folklorique. L'artiste maîtrise aussi d'autres techniques en poudre et aquarellé sur de l'or, l'argent et le cuivre. L'œuvre picturale de ce grand artiste est une œuvre intemporelle, parce qu'elle tente de répondre à ce qui tourmente notre esprit. La riche carrière artistique de Mustapha Adane débute en 1960. Il obtient, grâce au soutien du Gouvernement provisoire de la république algérienne, une bourse d'étude qui lui permet de suivre un enseignement des arts graphiques dans une grande école tunisienne. Mustapha Ferroukhi, auquel il dédie cette exposition, est derrière l'obtention d'une autre bourse, grâce à laquelle le jeune étudiant s'inscrit dans un institut des arts plastiques en Allemagne. Dans les années 1970, il enseigne la sculpture et le modelage à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger. La capitale connaît, durant ces années fastes, une période aussi intense que riche en évènements artistiques et culturels. Des artistes de renommée internationale séjournent à Alger. Président de l'Union des arts plastiques et membre fondateur du mouvement Aouchem, l'artiste plasticien axe son travail sur la création de fresques, de médailles et d'architecture. Sa conception de l'art plastique s'inspire du mouvement Aouchem qui n'appelle pas, d'après lui, au militantisme pictural ni au réalisme socialiste, mais souligne avec force la liberté d'expression et la renaissance historique et culturelle.