Emotions ■ Touchante, émouvante et quelquefois bouleversante, a été la soirée d'hier en guise de vibrant hommage posthume rendu au regretté chef d'orchestre et auteur-compositeur-interprète et poète Cherif Kheddam. Le récital, donné au palais de la culture Moufdi Zakaria, par l'Orchestre national algérien de variétés, dirigé par le maestro Farid Aouameur, a été organisé à l'occasion du 3e anniversaire du décès de Dda Cherif. La soirée d'hier était un moment fort, qui raconte en musique l'histoire de celui qui a donné ses lettres de noblesse à la musique kabyle. Pour commémorer cet événement, plusieurs vedettes de la chanson kabyle ont pris part à ce rendez-vous, à l'instar de Brahim Tayeb, Nouria Laminé et Dji-Dji, auxquels se joindront de jeunes talents – comme Idir Ould Slimane, Boubkeur Kerraz, Rahima Khelafaoui, Celia Ould Mohand, Caeteai Ait Hamouda et Youcef Lazali – qui ont chanté les chefs-d'œuvre de ce grand artiste. C'était une salle archicomble et très enthousiaste qui a accueilli la pléiade d'artistes, et qui ont animé avec ferveur et émotion l'hommage consacré à Cherif Kheddam, cet artiste exceptionnel qui a inscrit son nom en lettres d'or dans l'histoire de la musique algérienne. Ainsi, durant deux heures, près d'une quinzaine de chansons de Chérif Kheddam ont été brillamment interprétées devant un public euphorique qui reprenait en chœur les différents refrains, savourant chaque instant du récital dans la joie et la convivialité. Parmi les chansons interprétées à chaque fois avec une vive émotion , on peut citer Loukan Adoughal Themzi, (Si jeunesse pouvait revenir), Thirga Ou Fennan (le rêve d'un artiste), Yewâar Adhetsough (Difficile pour moi d'oublier), Nemfaraq Ourenkhemmem (Nous nous sommes séparés sans réfléchir), A Lemri (O Miroir), Yemma (Ma mère). Toutes ces chansons ont été interprétées avec une parfaite tonalité qui force l'admiration. Plus tard, et pour finir en beauté, tous les artistes qui ont animé l'hommage ont rejoint, une dernière fois, la scène pour chanter ensemble El Dzaïr inch'Allah Atehlou (1996), un des derniers titres écrits, composés et interprétés par Cherif Kheddam, une chanson qui appelle à la paix en Algérie. Après Alger, l'Orchestre national algérien de variétés jouera ce soir au Théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou et demain à la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa, et ce, pour honorer la mémoire de celui qui a consacré aux airs et aux mélodies que Dda Cherif a légués à la musique universelle. En effet, Cherif Kheddam a œuvré, tout au long de sa vie à installer la chanson algérienne et kabyle en particulier, au rang de l'universa-lité. Né en 1927, Cherif Kheddam est un des monuments de la chanson algérienne d'expression kabyle, avec à son actif plusieurs chefs-d'œuvre qu'il a composés, écrits et interprétés. Son legs musical, élevé au rang d'école, Cherif Kheddam a laissé derrière lui une carrière artistique fulgurante d'une soixantaine d'années, qui a servi de modèle à des artistes aujourd'hui célèbres et continue d'éclairer les jeunes chanteurs. Il est décédé le 23 janvier 2012 à Paris et enterré dans son village natal, à Boumessaoud (Aïn El Hammam). Tahar Djaout qui lui consacrait un article dans Ruptures disait : «Chérif Kheddam n'a jamais joué à la vedette. Il n'a jamais cherché la célébrité, n'a jamais été attiré par les médias. Le milieu artistique même lui est peu familier, il ne s'y aventure que lorsqu'il a besoin de musiciens.» Yacine Idjer ♦♦♦♦♦♦ Farid Aouamar, qui est l'un des plus grands chefs d'orchestre, a su donner, le temps d'un récital, une grande dimension à la musique de Cherif Kheddam dont il a fait redécouvrir au public l'immense talent, un monument de la chanson et de la musique kabyles. A propos de cet hommage, Farid Aouamar dit : «Il est le fruit d'un travail de longue haleine, où j'ai littéralement réorchestré, réarrangé, réécrit les chansons de Cherif Kheddam que j'ai connu et j'ai même eu l'honneur de travailler à ses côtés. J'ai pu apprécier la valeur de l'artiste. C'est dans l'esprit de continuité du travail du regretté Cherif Kheddam que nous avons apporté un nouveau souffle à son répertoire qui sera porté par la jeune génération de chanteurs». S'exprimant par ailleurs sur Cherif Kheddam, Farid Aouamar dit : «C'était quelqu'un qui a modernisé la musique algérienne, il lui a apporté des choses nouvelles. Il l'a hissée au rang de l'universalité. Il a amené la musique kabyle au niveau symphonique. Et c'est un exemple pour les jeunes générations d'artistes.» Pour Farid Aouamar, «Cherif Kheddam reste à jamais parmi nous, il nous accompagne avec sa musique». Le maestro déclare, en outre, que le regretté Cherif Kheddam, qui aimait apporter des touches de modernité dans ses compositions, travaillait énormément avec la jeunesse. Et c'est dans cet esprit qu'est né l'Orchestre national algérien de variétés. En tant que responsable de la formation, Farid Aouameur souligne que «l'orchestre, de variété est déjà composé d'une cinquantaine de talentueux musiciens venus de toute l'Algérie». Celui qui ambitionne d'animer un concert par mois afin de redonner à la chanson algérienne la place qu'elle mérite, mise énormément sur la jeunesse afin de prendre en charge la promotion du patrimoine algérien grâce à des rythmes actuels et des styles qui s'adressent aux jeunes. A cet effet, des auditions seront organisées à travers l'ensemble du territoire afin de découvrir les jeunes talents. Lles inscriptions sont déjà ouvertes sur la page facebook de l'orchestre. Y. I.