Résumé de la 45e partie ■ Le père de Mei-ling se félicitait d'avoir réussi l'éducation de sa fille aînée. Mei-ling ne chercha pas à les arrêter. S'agenouillant aussitôt à côté de l'homme à terre, elle constata qu'il était inconscient et que son costume blanc était taché de sang. — Un diable étranger, Sheo-jay ! s'écria la servante en traçant dans les airs un signe protecteur. Mauvais œil ! Sans tenir compte de son avertissement, Mei-ling posa sa main sur le front ensanglanté de l'homme. Il avait les cheveux blonds. Et quand elle souleva une de ses paupières, elle vit que sa prunelle était verte. C'était l'Américain annoncé par la voyante. — Ne le touchez pas ! s'écria la servante. Il porte malheur ! Mais Mei-ling, plus fascinée qu'effrayée, restait calme. — Il est blessé, dit-elle. Il faut l'aider. — Je vais aller chercher la police. Mais Mei-ling la retint, en disant — La venue de cet homme m'a été annoncée dans un rêve. Ça n'est pas un hasard si mes pas m'ont guidée jusqu'ici. — Il faut appeler la police ! Mei-ling se releva et regarda autour d'elle. Seule l'ombre dansante des lanternes de papier ballottées par la brise donnait un semblant de vie à la ruelle déserte. — Là-bas, dit-elle en montrant du doigt l'échoppe de Mme Wah, la marchande de soie. Cours chez Mme Wah et demande-lui d'envoyer un de ses fils. Craignant de s'attirer des ennuis si elle ne respectait pas la prophétie des dieux, la servante obtempéra à contrecœur et non sans jeter des coups d'œil furtifs à sa maîtresse, qui se tenait penchée au-dessus de l'étranger. Mme Wah dépêcha aussitôt le plus vigoureux de ses fils avec ordre de ramener l'étranger dans son échoppe et de le porter à l'étage, dans une petite chambre qui donnait sur la ruelle. Elle le fit non pas pour l'étranger mais pour Mei-ling, qui lui avait administré un remède secret l'hiver dernier, afin de rétablir son cycle menstruel qui s'était interrompu deux mois durant après qu'elle eut reçu la visite d'un hôte spécial. A l'époque, le mari de Mme Wah était en déplacement, si bien qu'elle n'aurait pu lui faire croire que l'enfant était de lui. Le remède de Mei-ling avait rétabli le cycle de Mme Wah, et cette dernière lui en était à jamais reconnaissante. — Allons-nous appeler la police ? demanda la vieille servante lorsque, une fois l'étranger étendu sur le lit, sa maîtresse et elle furent à nouveau seules. — Chut, dit Mei-ling en ouvrant rapidement son coffret de médecines. Tu veux donc faire échouer une prophétie divine ? — Mais peut-être les dieux attendent-ils de vous que vous appeliez la police. A suivre