Violence ■ Deux attentats ayant visé des gares routières bondées du nord-est du pays, en proie aux tueries du groupe islamiste Boko Haram, ont eu lieu hier. Ces tueries se sont produites hier, à cinq semaines à peine des élections générales du 28 mars. A Kano, la plus grande ville du nord du pays, les «attentats-suicide» ont été perpétrés par deux hommes qui venaient de descendre d'un bus, selon un porte-parole de la police de Kano. «Dix personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par l'explosion», a-t-il déclaré. Un peu plus tôt, un commerçant de la gare décrivait une scène d'horreur : «Un bus était éclaboussé de sang et de restes humains.» Quatre heures plus tôt environ, à Potiskum, la capitale économique de l'Etat de Yobe, un attentat avait visé un bus bondé dans la gare de Tashar Dan-Borno, à la périphérie de la ville. «Nous avons 17 morts et 27 blessés», a indiqué une infirmière de l'hôpital public de la ville, où les victimes de l'attentat ont été transportées. Située à 280 km à l'est de Kano, sur l'axe routier très important rejoignant Maiduguri, la capitale de l'Etat voisin de Borno, Potiskum a été le théâtre de plusieurs attentats à la bombe, attribués au groupe islamiste armé Boko Haram, qui en a revendiqué plusieurs. Hier matin, deux soldats nigériens ont été tués et quatre autres blessés lorsque leur véhicule a sauté sur une mine à Bosso, dans le sud-est du Niger, selon une source sécuritaire nigérienne. Cette source a assuré que la mine avait été posée par des éléments de Boko Haram. Cette série d'attentats intervient alors que le gouvernement nigérian a affirmé récemment avoir repris deux localités stratégiques aux combattants de Boko Haram. Monguno tout d'abord, une ville-garnison contrôlée par les insurgés depuis le 25 janvier, et Baga, samedi dernier. Si Abuja a récemment affirmé avoir repris militairement plusieurs localités symbo-liques du nord-est -ce que conteste Boko Haram- les deux attentats d'hier démontrent une nouvelle fois l'extrême capacité de nuisance de l'insurrection islamiste. En dépit de cela, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé hier soir que «le vent (était) en train de tourner en défaveur de Boko Haram» et que «le temps du deuil pour les victimes des attaques terroristes incessantes (sera) bientôt derrière nous». Les exactions du groupe et son expansion géographique ont provoqué un report au 28 mars des élections générales initialement prévues au 14 février. Ce report a suscité la crainte d'une résurgence de violences électorales, pour le moment limitées, dans ce pays le plus peuplé d'Afrique où l'insécurité demeure préoccupante. La menace principale demeure toutefois Boko Haram, dont le leader, Abubakar Shekau, a promis, dans une vidéo diffusée via Twitter, de tout faire pour empêcher la tenue des élections présidentielle et parlementaires du 28 mars. Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, essentiellement dans le nord-est du pays, où le groupe extrémiste contrôle des pans entiers de territoire.