Besoin ■ Beaucoup de Syriens qui se sont réfugiés en Algérie récemment vivent des situations difficiles. Parmi eux, on trouve des académiciens, des médecins et autres spécialistes. Ainsi, la communauté syrienne qui vit en Algérie n'est pas composée exclusivement, comme on peut l'imaginer, de ces femmes réduites à la mendicité, ou de celles qui nous prient de leur acheter des mouchoirs à papier qu'elles proposent sur les trottoirs des villes. Ahmed a 58 ans. Il est ingénieur en agronomie, spécialisé dans la culture des raisins. Dans son actif, il cumule une expérience de plus d'une trentaine d'années dans la culture des plantes agricoles. Depuis son entrée en Algérie, en 2014, il vit une situation dramatique. Tous les deux mois, il doit présenter aux services de la police ainsi qu'à ceux de la wilaya un énorme dossier administratif en six exemplaires. Ces mesures administratives diminuent à chaque fois le nombre des pages vierges de son passeport et amenuisent l'espoir de se voir obtenir, un jour, une attestation de résidence. «Chaque cachet qu'on appose sur mon passeport avale une page vierge. Il n'en reste que six ou sept», se désole-t-il. Mais plus important «sans justificatif de résidence, je ne peux ni louer une voiture, ni louer une maison ni trouver un travail» se plaint-il. Sa fille vit la même situation. Bachelière, elle n'arrive pas à s'inscrire à l'université pour la même raison : pas de justificatif de résidence. Retraité, Ahmed se dit disposé à faire bénéficier nos jeunes de son savoir faire : «Je suis prêt à donner des cours dans un centre de formation gratuitement.» Et de faire remarquer : «Les jeunes agriculteurs ne maitrisent même pas les techniques de bouturage.» Un autre nous dit : «Je ne veux pas un salaire. Dans ma situation actuelle, je ne peux ni visiter mes parents ni aller à la Mecque.» Selon certaines sources, le nombre des Syriens vivant en Algérie est estimé à environs 60 000. A la faveur du lancement des projets de soutien à l'agriculture, certains Syriens ont apporté leur savoir faire dans le domaine de l'exploration des ressources hydriques, au grand bonheur de nos agriculteurs. D'autres ont réussi des projets d'investissement et participent ainsi à la croissance de l'économie nationale. Parmi ces derniers, on trouve ceux ayant ouvert des unités de production dans le domaine de l'agroalimentaire, ou ceux qui activent dans le domaine des services. Mais, ces cadres espèrent que les plus hautes autorités algériennes se penchent sur leurs cas pour les aider à obtenir une résidence. En Grande Bretagne, les autorités ont accordé aux réfugiés syriens une résidence de cinq ans. En Turquie, les autorités leur ont accordé une résidence de trois ans et «une dizaine de milliers de chances au travail». Pour les intégrer, en Suède, les autorités ont décidé de leur apprendre la langue, de les faire bénéficier d'une allocation mensuelle et de se charger du payement des trois quart de leurs loyers. «On n'a pas choisi l'exil. C'est plutôt ce dernier qui nous a choisis» , dit un Syrien en esquissant un sourire d'espoir.