Enigme ■ Mais où est passé l'avion de la Malaysia Airlines ? La question est toujours d'actualité après plus d'une année depuis sa disparition inexpliquée. Il assurait la liaison Kuala Lumpur-Pékin. L'enquête, ouverte au lendemain de ce qui est appelé officiellement un «accident» n'a pas permis de lever le voile sur ce qui est arrivé à cet appareil long de 63 mètres. Au lieu de s'éclaircir au fil du temps, le mystère s'est, au contraire, épaissi. Aujourd'hui, personne n'est en mesure de dire ce qu'il est advenu du Boeing 777, ni d'expliquer les circonstances de sa disparition, ceci d'autant plus que les autorités malaisiennes ont très mal géré le volet communication dès le début. Non seulement elles n'ont pas fourni d'informations fiables et étayées par des preuves matérielles sur l'affaire, mais elles se sont en plus contredites à plusieurs reprises. Pire encore, leur gestion des premières heures de la crise a été catastrophique, en ce sens qu'elles ont attendu un peu plus de quatre heures après la disparition de l'avion des radars de surveillance pour déclencher les recherches. «C'était mal parti dès le début», tranchent des spécialistes de l'aéronautique, qui rappellent que les recherches ont été lancées sur les seules indications de la société de satellite anglaise Inmarsat, qui s'est basée, pour cela, sur une «reconnaissance de signaux» établie selon des règles «très complexes». «On a peut-être cherché l'avion dans la mauvaise direction», font-ils remarquer. Ce qui n'est pas à écarter vu qu'on n'a retrouvé aucune trace jusque-là du Boeing 777 malgré les intenses recherches menées dans l'océan Indien et les importants moyens mobilisés. Comme pour ajouter du mystère au...mystère, le président-directeur général de la compagnie aérienne Emirates a exprimé publiquement son désaccord avec les premières conclusions de l'enquête. Dans un entretien accordé en octobre dernier au quotidien allemand Der Spiegel, Tim Clarke a estimé, en effet, que l'information selon laquelle l'avion a disparu complètement des radars ne tient pas vraiment la route. Et pour cause : si les transpondeurs peuvent être coupés facilement, ce n'est pas le cas du système Acars que «nous utilisons pour contrôler les systèmes des avions et la performance des moteurs», a-t-il expliqué tout en remettant en cause la version officielle qui dit que le Boeing 777 de la Malaysia Airlines a fait demi-tour et a pris la direction de l'océan Indien. «Notre expérience nous rappelle que dans les accidents dans l'eau, quand l'avion s'est écrasé, il y a toujours quelque chose. Nous n'avons pas vu une chose qui suggère catégoriquement que l'avion est là où ils disent qu'il est», a-t-il argumenté. Et de conclure : «L'avion est resté sous contrôle jusqu'au bout», mais «personne ne sait qui était aux commandes».