Mutation ■ Les réseaux sociaux sont devenus, ces derniers temps, un réel moteur de mobilisation sociale en Algérie. Sur ces espaces virtuels, «habités» par des centaines de milliers de citoyens tous âge et sexe confondus, les appels à la solidarité et autres actions d'intérêt général sont souvent bien entendus et concrétisés dans de courts délais. Contrairement à la solidarité traditionnelle, qui se fondait sur le bouche à oreille, les traditionnelles réunions des comités de quartier ou même les annonces placardées sur les murs, les réseaux sociaux ont prouvé leur efficacité indéniable à pousser les citoyens vers l'action. Une action s'inscrivant dans le bon sens qui s'avère toujours bénéfique pour la société de manière générale et plus parti-culièrement pour les personnes ou lieux ciblés. Sur le site de socialisation Facebook, le plus utilisé en Algérie avec plus de cinq millions d'abonnés actifs, selon les dernières statistiques, des centaines de pages sont consacrées à ces actes de bienfaisance et d'intérêt général. Des annonces sont publiées de façon ininterrompue sur des cas précis ( personnes en besoin d'aide urgente, opérations de soutien aux démunis, orphelins ou SDF, personnes malades ...). Les réactions ne se font pas attendre, puisque les internautes répondent vite et s'avèrent en mesure d'intervenir rapidement. Un vrai phénomène de société qui tend à se généraliser, grâce à l'intérêt sans cesse croissant des jeunes Algériens pour ce nouveau mode de communication interactive. «Lorsque je trouve une annonce sur Facebook, je ne tarde pas à la partager et inciter mes amis virtuels à faire de même, tout en insistant sur la nécessité de concrétiser cet acte de bienfaisance et de solidarité» avoue Hamid, la trentaine, élément très actif sur ce réseau de socialisation. «Il m'est arrivé, à maintes reprises, de mobiliser plusieurs personnes pour aller, par exemple, offrir du sang à des malades en besoin. Sur place, je rencontrais mes amis virtuels, venus eux aussi avec la même intention. C'est d'ailleurs l'occasion de rencontrer concrètement ces personnes avec lesquelles je partage le même esprit», ajoute notre interlocuteur, se félicitant de l'apport «extraordinaire» de ce genre de site pour une société «plus so-lidaire et pleine de bons réflexes». L'union des internautes est, ainsi, fondée sur de bonnes idées et exempte de tout autre calcul, puisque ces jeunes, ne se connaissant que sur ce site, se retrouvent réunis pour accomplir des actes de bienfaisance en direction d'autres concitoyens. «Il y a deux mois, une parente à moi, qui était hospitalisée à Annaba, m'avait sollicité pour un don de sang. Comme j'étais loin, je n'ai pas trouvé d'autre solution que de poster une annonce sur ma page Facebook. En l'espace de deux heures, plus d'une vingtaine de personnes se sont présentées à l'hôpital à cet effet. Elle était étonnée par cet élan de solidarité qui s'est constitué en un laps de temps. Dieu merci, elle a été opérée avec succès et sans aucun problème», témoigne Hakim, 25 ans, originaire de Guelma et comptable dans un hôtel à Oran. A première vue, cela paraît magique, mais il s'agit bel et bien d'une réalité palpable dans notre société, où les réseaux ont provoqué une grande «révolution» dans les mœurs et les bons réflexes. Une force de mobilisation fabuleuse qui a surclassé toutes les anciennes méthodes, datant pourtant de plusieurs siècles. Un simple clic est à même de «bousculer» les esprits...