union n Aujourd'hui, les parents sont tellement dépassés par les soucis de la vie qu'ils accordent à leurs enfants toutes les concessions que ceux-ci veulent bien leur demander. Il n'en a pas toujours été ainsi. Ce matin-là, Méziane ne tenait pas en place. Il était si heureux qu'il avait envie de chanter, de danser et de hurler jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement et perde connaissance. Il était heureux parce que c'était ce jour-là, un jeudi du mois de mars 1985 que lui, son père, sa mère et sa sœur iraient voir les parents d'Aldjia, la superbe jeune fille de 19 ans qui hantait ses rêves et ses longues nuits de veille. En fait, Aldjia, il la voyait devant lui à chaque seconde depuis le premier instant où son regard s'était posé sur elle. Depuis l'instant où il savait qu'elle existait. Il l'avait vue alors qu'elle était avec sa mère le long d'une route menant vers le village d'Agoulmime dans la région de Larbaâ Nath Irathen. Il se renseigna et apprit qu'elle n'habitait pas à Agoulmime mais dans un village voisin. Il s'y rendit à plusieurs reprises, fit la connaissance de ses deux frères et de son père, le redoutable Slimane avec ses longues moustaches noires que la nicotine avait jaunies. Alors qu'il se trouvait au village, il aperçut deux ou trois fois Aldjia. Leurs yeux se rencontrèrent. Et comme dirait le poète, bien qu'ils ne se soient rien dit, ils s'étaient compris. Elle avait même esquissé le quart d'un sourire dans sa direction. Elle ne pouvait pas sourire davantage car dans ces montagnes-là, bien que l'on fût à la fin du XXe siècle, on ne badinait pas avec les valeurs ancestrales. Ensuite, il avait fallu convaincre son propre père d'aller demander la main de la jeune fille. Et ce ne fut pas très facile parce que Méziane et ses parents habitaient Alger et dans un des quartiers les plus huppés. Un Algérois pouvait-il épouser une montagnarde ? (A suivre...)