Drame ■ La situation qui prévaut dans le traitement des insuffisants rénaux démontre un certain nombre d'inadéquations et de disparités en matière de prise en charge des patients. Et la résolution du problème de transplantation rénale auquel sont confrontés présentement les insuffisants rénaux chroniques (Irc) passe par «l'élargissement du cercle des donneurs, limité actuellement à la seule famille du malade», ne cessent de recommander les spécialistes. En tout cas, pour le Pr Tahar Rayan, chef de ser-vice néphrologie, dialyse et transplantation rénale au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), qui intervenait ce jeudi matin sur les ondes de la Chaîne III, «la greffe rénale accuse un énorme retard en Algérie». En termes de chiffres, «plus de 10 000 insuffisants rénaux sont inscrits sur une liste d'attente, dont seulement 20% ont un donneur», a-t-il relevé, dressant ainsi un sombre tableau quant à la prise en charge médicale de ces patients. En termes plus clairs, le Pr Tahar Rayan a affirmé qu'au rythme actuel de prise en charge, qui ne dépasse pas les 166 cas par an, «il nous faudrait 60 ans pour éponger le nombre de patients qui attendent, sans oublier que le nombre d'insuffisants rénaux progresse de 10% chaque année». En plus de l'absence de donneurs qui creuse le fossé entre l'offre et la demande, le Professeur évoque des contraintes d'ordre bureaucratique et législatif. «Les prévisions pour 2015 étaient de 300 greffes, malheureusement il y a un retard à cause de problèmes bureaucratiques concernant, par exemple, l'importation de liquide de préservation des organes, qui a été retardée de plus de 3 mois». Dans le même cadre, le porte-parole de la Fédération des associations des insuffisants rénaux, Mohamed Boukhars a appelé récemment à la multiplication des campagnes de sensibilisation au don d'organes au sein de la société, imputant au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière le retard accusé dans ce domaine. Il a, plaidé par ailleurs pour la mise en place de lois sur la greffe d'organes et encouragé la greffe à partir de personnes décédées pour permettre aux autorités publiques de répondre à la demande sans cesse croissante (près de 20 000 cas en 2013). Chaque année, 4000 cas d'insuffisants rénaux sont recensés, dont 2000 seulement suivent des séances d'hémodialyse dans des centres publics et privés, a-t-il précisé, ajoutant que 20 000 insuffisants rénaux sont décédés durant les dix dernières années. Les moyens nécessaires doivent être mis à la disposition des centres de greffe d'organes pour accomplir cette «noble» mission, a-t-il souligné, déplorant le fait que certains centres disposant d'équipements techniques et de spécialistes n'assurent pas encore la greffe, à l'instar des CHU d'Annaba et de Sétif.