Dans le cadre de la coopération médicale entre l'Algérie et la Belgique et du développement du programme national de transplantation rénale, le professeur belge Jean-Paul Squifflet a effectué dernièrement cinq transplantations rénales au CHU Issad Hassani de Beni Messous. Ces greffes ont été réalisées bénévolement avec l'aide sur des malades âgés entre 5 et 23 ans, souffrant de malformation congénitale compliquée avec problèmes de reflux rénal. Issus de différentes régions de l'Algérie, ces malades ont reçu des reins de donneurs vivants, provenant de parents et autres proches. «En tout, 12 couples [donneur-receveur] sont programmés pour être greffés par le professeur belge durant les tout prochains jours», selon le professeur Mohamed Benabadji, chef du service néphrologie au CHU Beni Messous. D'après lui, «une centaine d'autres couples sont déjà explorés en attendant leur greffe». Ce spécialiste ajoutera que l'objectif est d'arriver à faire plus de 1 200 greffes par an». «Un objectif qui ne peut être atteint qu'avec le prélèvement sur cadavre (état de mort cérébrale)», précisera-t-il. La promotion du don d'organes à partir de donneurs décédés est le cheval de bataille de nombre de spécialistes et de la Société algérienne de néphrologie. C'est ce qu'a rappelé le professeur Tahar Rayane, estimant que le prélèvement d'organes sur cadavre doit être au cœur d'une grande campagne d'information et de sensibilisation auprès de la population pour répondre à la demande des 6 000 patients en attente d'être greffés. «La greffe, dira-t-il, est la seule solution pouvant mettre un terme au calvaire des malades dialysés, actuellement au nombre d'environ 13 000 au niveau national.» Annoncé depuis des années, l'Institut national du rein, implanté à Blida, permettra de développer la transplantation rénale. Selon les intervenants, cette structure sera prochainement opérationnelle. Notons d'autre part que le professeur Squifflet est un chirurgien transplanteur de renom et qui compte à son actif plus de 2 000 greffes en Belgique et dans d'autres pays à travers le monde. Il vient régulièrement en Algérie, à l'invitation de la Société algérienne de néphrologie et de transplantation d'organes pour effectuer des transplantations rénales compliquées. Rappelons par ailleurs que, malgré les efforts consentis dans les domaines législatif, médical et organisationnel en matière de transplantation d'organes, le nombre de greffes reste en deçà des résultats espérés. La première greffe de rein en Algérie a été réalisée en 1986 au CHU de Constantine. Cette opération n'a pas connu de progrès jusqu'au lancement du programme national de greffe en 2007. Le nombre de greffes du rein recensé pour la période de 2007 à 2009 est estimé à 305. A noter cependant que seul 1% des 13 000 cas d'insuffisants rénaux en état d'insuffisance chronique terminale dialysée ont été greffés en 2008. 80% de ces patients se situent dans la tranche d'âge 16-50 ans. Ainsi, les 305 greffes du rein réalisés en 3 ans proviennent de donneurs vivants apparentés. Les spécialistes estiment que le développement de ce type de greffe a permis l'augmentation du nombre de transplantations et sa généralisation au niveau des grands centres hospitaliers. «Toutefois, un programme de greffes à partir de donneurs vivants ne peut perdurer sans son corollaire, l'activité de greffes à partir de donneurs décédés», reconnaissent les spécialistes. A. B.