Colère n Les Maliens semblaient partagés, hier, entre inquiétude et colère, au lendemain de combats meurtriers dans le nord du pays entre un groupe progouvernemental et la rébellion, qui ont poussé l'ONU à créer «une zone de sécurité» autour de Kidal, fief des rebelles. Les récents affrontements «constituent une grave entrave à la mise en œuvre de l'accord et représentent une menace pour la paix et la stabilité du Mali ainsi que pour la vie des populations maliennes», a estimé la médiation internationale, conduite par l'Algérie dans un communiqué publié hier. Elle a exprimé «tout son soutien aux efforts de la Minusma en vue de ramener le calme sur le terrain, ainsi qu'à ceux déployés par le gouvernement malien, en concertation avec les partenaires du Mali, aux fins de ramener les belligérants au strict respect de leurs engagements». Cette situation a été au centre d'une réunion d'urgence de plusieurs heures, lundi, entre le gouvernement malien et les médiateurs internationaux, dont l'ONU, qui a établi une «zone de sécurité» autour de la ville de Kidal, dans le nord du pays. Ces derniers ont décidé de mener des enquêtes pour «situer les responsabilités» avant d'éventuelles sanctions, a rapporté hier le quotidien pro-gouvernemental malien «L'Essor». En raison des violences, une «réunion de réconciliation» entre plusieurs groupes rivaux touareg maliens, dont la CMA et le Gatia, initialement programmée à Niamey de mercredi (aujourd'hui) à vendredi à l'initiative du Niger, a été annulée, ont indiqué des sources au sein des organisateurs sur place. Ces développements inquiètent les Maliens, craignant de voir leur pays rebasculer dans une inextricable crise politico-sécuritaire, comme entre 2012 et 2013 : ils ont connu un coup d'Etat militaire, une partition de leur pays et la mainmise sur le vaste Nord pendant près de dix mois de groupes djihadistes. «Péril sur le processus de paix», s'est alarmé à sa Une, hier, le quotidien «Le Républicain» (privé). Youssouf Sylla, un fonctionnaire, «soutient le Gatia», mais il «condamne totalement (son) geste». «Maintenant que nous avons vu la route de la paix, ce n'est pas le moment de faire ça», a-t-il protesté. D'autres Maliens exprimaient leur incompréhension ou leur colère face aux mesures annoncées par la Minusma, la soupçonnant de partialité en faveur de la rébellion, particulièrement sur les réseaux sociaux où est apparu un nouvel hashtag : «îFusionMinusmaRebelle». «Le communiqué de la Minusma est scandaleux et partisan», s'est insurgé àdiarra ld sur Twitter, accusant cette mission d'être «le principal soutien de la CMA». Rappelons que la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) et le Groupe d'auto-défense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako) ont été impliqués depuis le 15 août, dans diverses localités autour de Kidal, dans des escarmouches qui se sont muées lundi en combats meurtriers, avec au moins dix tués selon une source onusienne au Mali.