En raison du renforcement de la sécurité aux frontières, de la présence de clôtures le long de la frontière terrestre avec la Turquie et de la pratique du refoulement — le renvoi collectif illégal de migrants — vers ce pays, la grande majorité des réfugiés et des migrants essaient de se rendre en Grèce par la mer. A la frontière terrestre gréco-turque, Amnesty International a recueilli des témoignages sur des cas de refoulement violents. Un Syrien, qui faisait partie d'un large groupe de réfugiés refoulés vers la Turquie le 14 avril 2015, a confié avoir subi des mauvais traitements aux mains de policiers grecs cagoulés. «(Ils) se sont mis à nous donner des coups de poing et de pied alors que nous étions à terre. Ils m'ont attrapé par les cheveux et m'ont poussé vers la rivière». Et la question de l'immigration divise profondément les pays européens sur la stratégie à adopter et les mesures à mettre en place afin d'y répondre. Entre stratégies d'accueil et d'intégration, répartition des migrants entre les différents Etats-membres, renforcement des contrôles et enregistrements aux frontières, voire opérations militaires navales, les options envisagées et discutées sont multiples. Les réseaux sociaux s'en mêlent l «Asile et immigration en Europe» ou «asile en Suède, Hollande, Norvège, Allemagne, Grande-Bretagne, Autriche et Suisse», sont parmi les dizaines de groupes Facebook fréquentés notamment par les réfugiés syriens qui prennent le bateau pneumatique pour la traversée nocturne en abandonnant tout sauf leur smartphone. «Bus-stop pour les égarés», est l'un des plus populaires, avec 42 000 membres. Les réfugiés utilisent ainsi des groupes Facebook où les membres partagent des photos de leur périple, mais aussi numéros de téléphone de passeurs, conseils sur les trajets à suivre et estimation des dépenses nécessaires. La Hongrie critiquée l La Hongrie, l'un des principaux pays de transit en Europe centrale, a vu arriver quelque 3 300 nouveaux migrants pour la seule journée de jeudi, un nouveau record, a indiqué hier vendredi, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. Dans ce contexte, le Parlement hongrois a renforcé hier comme prévu sa législation antimigrants, décrétant même l'«état de crise», une disposition précédant dans ce pays l'état d'urgence et accordant des prérogatives accrues aux pouvoirs publics. Proposée par le Premier ministre populiste Viktor Orban, partisan d'une ligne dure, la nouvelle législation renforce notamment les possibilités de déploiement de l'armée aux frontières et rend l'immigration illégale passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison. La Hongrie, qui a érigé cet été une clôture barbelée haute de quatre mètres à sa frontière avec la Serbie, prévoit en outre la création de camps de migrants dits de «transit» sur sa frontière même, où les demandes d'asiles seront examinées. M. Orban revendique depuis plusieurs mois le retour à des prérogatives nationales en matière d'immigration au sein de l'Union européenne et a vu ses initiatives régulièrement critiquées par les instances européennes. Il a néanmoins annoncé vendredi l'ouverture d'«une nouvelle ère» dans ce dossier.