Les naufrages de migrants se multiplient aux portes de l'Europe où plus d'un millier de personnes ont péri lors de traversées périlleuses en Méditérranée à destination de pays tiers dont les politiques migratoires ne tendent pas à l'intégration. Ce mouvement de personne quasiment impossible à réguler est pour partie imputable à l"'imprudence des interventions militaires occidentales en Irak ou en Libye", selon des experts. On a connu récemment des épisodes tristement célèbres (tel le drame de Lampedusa) liés au contexte de crise dans des pays arabes comme la Syrie et l'Irak et africains (Libye, Somalie, ...), jamais autant de ceux qui tentent chaque année de traverser la Méditerranée n'auront payé de leur vie leur tentative d'échapper aux violences dans leur pays d'origine en conflit armé ou à la pauvreté extrême. Le nombre de personnes ayant risqué sa vie pour traverser la Méditerranée a atteint un nombre record au cours du premier semestre 2015, atteingnant 137 000 personnes, selon des chiffres compilés par l'ONU. Le mois d'avril de cette année compte à lui seul au moins cinq naufrages, impliquant environ 2000 migrants et totalisant un nombre de victimes avoisinant les 1200 morts. Selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), l'Union européenne transforme la Méditérranée en "vaste cimetière". Ce sont aussi les assassins du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech), les conflits, les passeurs de toutes nationalités qui redonnent une actualité contemproraine au trafic d'esclaves, selon plusieurs experts et témoignages. Il faut donc agir contre le crime, "ceux des passeurs qui trouvent un théatre d'opération dans une Libye désertée par son Etat, et que Daech menace désormais d'investir en lançant sur la mer des milliers de réfugiés". Comme hier au large de la Somalie à propos de la piraterie. Quand les réseaux sociaux s'en mêlent "Asile et immigration en Europe" ou "asile en Suède, Hollande, Norvège, Allemagne, Grande-Bretagne, Autriche et Suisse", sont parmi les dizaines de groupes Facebook fréquentés notamment par les réfugiés syriens qui prennent le bateau pneumatique pour la traversée nocturne en abandonnant tout- sauf leur smartphone. "Bus-stop pour les égarés", est l'un des plus populaires, avec 42.000 membres. Les réfugiés utilisent ainsi des groupes Facebook où les membres partagent des photos de leur périple, mais aussi numéros de téléphone de passeurs, conseils sur les trajets à suivre et estimation des dépenses nécessaires. Les origines de migrations vers l'Europe Les migrants convergeant vers l'Europe sont d'origines multiples et empruntent des routes déterminées en fonction de leur point de départ et de leur destination. L'année 2011 a connu, avec le drame de Lampedusa, un fort afflux de personnes en provenance de Tunisie, à la suite des troubles découlant du "printemps arabe". Les itinéraires menant aux Etats littoraux de la mer Méditerranée, à savoir l'Italie, Malte, la Grèce, Chypre, ou l'Espagne sont empruntés en 2014 et 2015 en majorité par des Erythréens, des Syriens, et des Somaliens. Les causes de leur départ peuvent être tant la guerre (qui dans le cas de la Syrie provoque un exode massif des populations civiles), que la pauvreté extrême et, dans tous les cas, le désir d'une vie meilleure dans l'un des pays de l'Union européenne. Renvois illégaux En raison du renforcement de la sécurité aux frontières, de la présence de clôtures le long de la frontière terrestre avec la Turquie et de la pratique du refoulement - le renvoi collectif illégal de migrants - vers ce pays, la grande majorité des réfugiés et des migrants essaient de se rendre en Grèce par la mer. A la frontière terrestre gréco-turque, Amnesty International a recueilli des témoignages sur des cas de refoulement violents. Un Syrien, qui faisait partie d'un large groupe de réfugiés refoulés vers la Turquie le 14 avril 2015, a confié avoir subi des mauvais traitements aux mains de policiers grecs cagoulés. "[Ils] se sont mis à nous donner des coups de poing et de pied alors que nous étions à terre. Ils m'ont attrapé par les cheveux et m'ont poussé vers la rivière". Un problème européen La question de l'immigration divise profondément les pays européens sur la stratégie à adopter et les mesures à mettre en place afin d'y répondre. Entre stratégies d'accueil et d'intégration, répartition des migrants entre les différents Etats-membres, renforcement des contrôles et enregistrements aux frontières, voire opérations militaires navales, les options envisagées et discutées sont multiples. Aussi, la montée en puissance des courants politiques nationalistes à travers le continent, ainsi que celle d'un sentiment anti-immigrants, ne facilitera pas pour l'avenir la mise en place de politiques tendant à l'intégration plutôt qu'à la prévention, voire la répression. Des centres d'accueil au Niger, l'autre solution de l'Europe dans la crise des migrants. La structure test devrait être mise en place d'içi la fin de l'année pour dissuader les candidats à l'exil vers l'union européenne. Des solutions de retour dans les pays d'origine devraient être déployées. Comme le souligne Heather Conley, vice-présidente du Centre for Strategic & International Studies, la crise migratoire est "un test crucial de l'engagement de l'Europe à l'humanitaire et aux principes de la liberté de circulation".