Mise en garde n Le principal parti pro-kurde de Turquie a mis en garde, hier mercredi, contre les risques de «guerre civile» dans le pays… Une intervention qui intervient après que le Parti kurde a été la cible d'une vague de violences nourries par les affrontements meurtriers entre forces de sécurité turques et rebelles kurdes. «Ces attaques sont pilotées d'une seule main, celle de l'Etat», a accusé devant la presse à Diyarbakir (sud-est) le coprésident du HDP Selahattin Demirtas, «ils veulent provoquer la guerre civile et ce qui s'est passé depuis deux jours en est la répétition générale». Pour la deuxième nuit consécutive, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes turques pour dénoncer les «terroristes» du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et ont visé les locaux du Parti démocratique des peuples (HDP), accusé par le gouvernement de soutenir le groupe rebelle. Dans la capitale, des groupes de manifestants ont investi le quartier général du HDP et mis le feu à une pièce où étaient stockées les archives du parti. Un incendie a également dévasté le siège du mouvement à Alanya (sud). M. Demirtas a recensé, hier mercredi, «plus de 400 attaques» visant son mouvement. A Istanbul, le siège du quotidien Hürriyet, proche de l'opposition, a, lui aussi, été attaqué mardi soir, pour la deuxième fois en quarante-huit heures, par des partisans du président Erdogan. Celui-ci a accusé une nouvelle fois le HDP de parler le langage du terrorisme. «Un chef de parti parle d'une guerre civile, c'est insensé», a-t-il estimé, appelant les dirigeants du HDP à «choisir entre la démocratie et le terrorisme». «Si vous vous rangez aux côtés du terrorisme, vous serez amenés à en subir les conséquences», a martelé le chef de l'Etat turc lors d'une conférence de presse avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, en visite à Ankara. Aussitôt après l'intervention du président, le parquet de Diyarbakir a annoncé l'ouverture d'une procédure judiciaire contre M. Demirtas, bête noire de M. Erdogan, pour «insulte au président de la République», «apologie d'une organisation terroriste» et «incitation au crime». Les procureurs réclament que le leader kurde soit déchu de son immunité parlementaire, a-t-on indiqué au parquet. Depuis fin juillet en Turquie, des affrontements meurtriers font rage entre l'armée et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays. Le sud-est du pays reste plongé dans un état de guerre. La situation est très tendue dans cette partie de la Turquie, quadrillée par les forces de sécurité. Des élus du HDP, M. Demirtas en tête, ont entamé, hier mercredi, une marche pour rompre le «blocus» imposé depuis six jours à la ville de Cizre où, selon eux, au moins sept civils ont été tués.