La Tunisie a annoncé la fermeture pendant 15 jours de sa frontière avec la Libye à partir d'aujourd'hui jeudi, au lendemain de l'attaque suicide en plein cœur de Tunis contre la sécurité présidentielle, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI). D'autres dispositions ont été prises à l'issue de ce nouveau drame qui a fait 13 morts, comme le blocage des sites (internet) en lien avec le terrorisme, ainsi que des mesures urgentes concernant les personnes revenant des foyers de conflit. Le Conseil de la sécurité nationale, présidé par le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi, a décidé «la fermeture de la frontière avec la Libye pendant 15 jours à partir de minuit ce jour (mercredi), avec renforcement de la surveillance sur les frontières maritimes et dans les aéroports», selon un communiqué de la présidence. Il a également été décidé d' «intensifier les opérations de blocage des sites (internet) en lien avec le terrorisme» et de «prendre des mesures urgentes concernant les personnes revenant des foyers de conflit dans le cadre de la loi antiterroriste», sans préciser lesquelles. Ce Conseil a aussi annoncé le recrutement de 3 000 agents supplémentaires au ministère de l'Intérieur et 3 000 autres dans l'armée en 2016. Tunis souligne, depuis de longs mois, pâtir du chaos en Libye voisine, où le conflit entre factions rivales a permis l'émergence du groupe EI, et a entrepris cet été la construction d'un mur frontalier de 200 kilomètres. Des milliers de Tunisiens se trouvent, selon les autorités, en Irak, en Syrie et en Libye dans les rangs de groupes extrémistes. D'après elles, les auteurs des attaques sanglantes du Bardo et de Sousse avaient été formés au maniement des armes dans ce dernier pays. Hier, le ministère de l'Intérieur a, en outre, précisé que l'explosif utilisé la veille était du «Semtex», un produit déjà retrouvé dans des ceintures explosives saisies en 2014 après avoir été «apportées illégalement de Libye». Survenu à proximité d'une des principales artères de Tunis, non loin du ministère de l'Intérieur, l'attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a été revendiqué par l'EI dans un communiqué diffusé sur des sites djihadistes. Son auteur, un Tunisien identifié comme «Abou Abdallah al-Tounissi», muni d'une ceinture d'explosifs, s'est introduit dans le véhicule et «s'est fait exploser», selon le texte. Le Premier ministre Habib Essid a reconnu que cet attentat constituait un nouveau coup dur. Au Bardo et à Sousse, «le but était de troubler le processus démocratique, (...) le secteur du tourisme», a-t-il déclaré. Celui de mardi «est d'un autre genre» car «il a visé un des symboles de l'Etat. (...) C'est grave, très grave». Sous le choc, la presse a appelé à la résistance, ainsi qu'à «une nouvelle philosophie» pour lutter «contre le terrorisme». Une cérémonie d'hommage national a été organisée au palais présidentiel.