Appel n Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a appelé, hier soir, à la «paix sociale», estimant que l'arrêt des mouvements sociaux participerait à la lutte antiterroriste, alors que son pays a été frappé par un nouvel attentat meurtrier. Le chef de l'Etat a aussi lancé un appel à Nidaa Tounès, le parti qu'il a fondé en 2012 et qui a remporté les élections législatives et présidentielle de l'an dernier, à «se ressaisir». La formation est déchirée depuis des mois par une guerre des chefs, après que M. Essebsi a quitté sa tête pour devenir «le Président de tous les Tunisiens». «L'économie en Tunisie est dans une situation difficile et il est nécessaire d'en sortir en attirant les investissements extérieurs et intérieurs, ce qui ne se fera que si nous créons les conditions favorables» à cela, a-t-il affirmé dans une allocution télévisée. «La paix sociale participe à créer le climat nécessaire pour (...) remporter la bataille contre le terrorisme», a-t-il ajouté. Douze agents de la Garde présidentielle ont été tués le 24 novembre dans un attentat en plein Tunis, la troisième attaque d'envergure cette année à être revendiquée par le groupe Etat islamique. Le Président a appelé la centrale syndicale, UGTT, et l'organisation patronale, Utica, à régler leurs différends sur les augmentations de salaires dans le secteur privé d'ici le 10 décembre, date à laquelle les représentants de ces deux organisations se rendront à Oslo, en compagnie de ceux de la Ligue des droits de l'Homme et de l'Ordre des avocats pour la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix. Le prix avait été décerné en octobre à ce «Quartette» pour avoir facilité un «dialogue national» entre les diverses forces politiques à un moment délicat de l'histoire du pays. M. Essebsi a, en outre, reconnu que Nidaa Tounès, le premier parti du pays, passait par une «crise qui s'est aggravée pour arriver à ce qui semble être une impasse», l'obligeant à intervenir. Le Président a annoncé avoir choisi 13 personnalités pour qu'elles jouent les médiateurs entre les deux camps qui se disputent la direction du parti, dont l'un est mené par son fils Hafedh. Le discours du chef de l'Etat a été accueilli par de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, des internautes dénonçant le fait qu'il ait longuement parlé de son parti, alors que le pays est en état d'urgence et le Grand Tunis sous couvre-feu depuis le dernier attentat. R. I. / Agences Le Sud-Est tunisien au ralenti l Routes désertes et commerces en berne : le Sud-Est de la Tunisie vit au ralenti depuis que les autorités ont fermé la frontière avec la Libye voisine dans la foulée d'un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique. Car la région vit largement du commerce, en grande partie informel, avec la Libye. Et dans la ville de Ben Guerdane, près de Ras Jedir, le principal poste-frontière entre les deux pays, l'impact a été immédiat : le prix du litre d'essence de contrebande est monté en flèche. «Les 20 litres d'essence coûtaient, mercredi, 6,5 dinars (moins de 3 euros), vendredi, 20 dinars (9 euros)!», tempête Néjib, un enseignant. «Les terroristes attaquent au centre de la capitale, à 200 mètres du ministère de l'Intérieur, et c'est nous qui payons la facture, à 600 km de là!», lance-t-il. La Tunisie a décrété le 25 novembre la fermeture pendant 15 jours de sa frontière avec son voisin libyen, au lendemain d'un attentat en plein Tunis contre un bus de la sécurité présidentielle.