Contraintes n De nombreux cultivateurs maraîchers sont contraints de renoncer à leurs productions de salade, de carottes ou d'oignons en raison du manque de main-d'œuvre. Ils estiment que cette situation met en grand danger les cultures maraîchères dans le Hodna. Plusieurs agriculteurs rencontrés par l'APS dans les zones de Maâdher-Boussaâda et de Maârif où se concentrent 80% des investissements agricoles dans cette wilaya affirment avoir été contraints de labourer tout ou une partie de leurs surfaces vouées aux légumes, ou de les destiner à la culture de fourrages, en raison de l'absence de main- d'œuvre. Une main-d'œuvre qui, font-ils remarquer, n'a pourtant pas besoin de qualifications particulières puisqu'il ne s'agit que de mettre en terre, d'arroser et de récolter des légumes. Malgré cela, déplorent-ils, le personnel est devenu une «denrée rare», ce qui met en péril leurs investissements dans cette activité adaptée au climat du Hodna. Djelloul B, cultivateur de salade à Maâdher-Boussaâda, avoue son impuissance à «dénicher» de la main-d'œuvre, même s'il soutient verser un salaire de 1 500 dinars par jour à des jeunes gens qui sont aussi nourris, transportés et hébergés. Malheureusement, dit-il en levant les bras au ciel, «ils travaillent généralement moins d'une semaine avant de déguerpir, trouvant sans doute que vendre des cigarettes dans les coins de rues est plus rémunérateur et, surtout, moins fatiguant». Djelloul confie qu'il ne pourra pas «résister bien longtemps», d'autant qu'un investissement d'un million de dinars ne lui a rapporté, à ce jour, que «quelques millions de centimes», fruit de la vente de petites quantités de laitue à raison de 20 DA/kg, alors que cette salade est cédée sur les marchés locaux à 50 DA/kg et «bien plus dans d'autres wilayas comme Alger, Sétif et Constantine». Le désenchantement du producteur de salade est partagé par Abdelouahab M, éleveur de vaches laitières à Boussaâda, dont les déboires démontrent que le manque de bras vigoureux n'affecte pas seulement les cultures maraîchères mais aussi la production laitière. «J'offre 3 000 dinars net par jour, j'assure le gîte, le couvert et le transport mais je n'arrive pas à trouver des employés pour ma ferme, et les quelques personnes qui commencent à travailler ne tardent pas à trouver des excuses pour abandonner leur poste», se lamente Abdelouahab. Il va même jusqu'à s'estimer «encore plus pénalisé» que les producteurs maraîchers dans la mesure où le fonctionnement normal de la ferme exige la présence de la main-d'œuvre à toutes les phases de production, tandis que les cultivateurs de légumes n'ont besoin de «bras» que de manière occasionnelle.