Rompant avec le système agricole hérité de la révolution agraire et bravant tous les obstacles, la poignée d'hommes qui a assené les premiers coups de pioche pour valoriser des étendues de sable et des parcours dégradés, créant le noyau de Madher florissant avec sa nouvelles vocation, n'en finit pas de galérer pour asseoir leur activité par l'obtention des titres de propriété des lopins de terres exploitées depuis le début des années 1980 avant même la promulgation de la loi 83-18 portant mise en valeur des terres. Cette situation ne concerne pas uniquement cette poignée d'hommes pionniers de cette aventure, mais 2250 exploitants activant sur une superficie totale ayant atteint à ce jours 22 500 ha irrigués, répartis sur 5 communes, Bousaâda, M'cif, Houamed, Khoubana et Maârif, dont le périmètre global constitue le grand Madher. Cette situation exposée dans un rapport remis dernièrement par ces exploitants au ministre de l'Agriculture, lors de son dernier passage à Bousaâd, paraît pour le moins incompréhensive par le fait que ces fellahs, après plusieurs années de labeur, n'ont pas à ce jour, pour des raisons qui demeurent inconnues, accordé à la propriété de leur exploitation, et ce, conformément à la loi 83-18 qui stipule dans ces dispositions qu'après des années exploitation, le fellah bénéficiaire de la main levée a droit à l'acte administratif, mais à ce jour rien sauf pour quelques-uns, nous dit-on, à la subdivision agricole de Bousaâda. L'autre élément qui constitue une pierre d'achoppement au développement de l'activité agricole au niveau de cinq communes steppiques, lit-on dans ce rapport, est lié à la commercialisation des produits agricoles qui demeurent problématique. « Les prix ne sont pas rémunérateurs, ne couvrant même pas les coûts de production, nous dira Mustapha Bazr, exploitant à Madher, de sorte que notre production a d'autres alternatives que pourrir sur pied. » La solution à ce problème réside aux yeux de ces exploitants dans la création d'un marché régional des fruits et légumes au niveau de Bousaâda. L'investissement dans l'industrie de transformation, lit-on dans ce rapport, constitue l'ultime recours pour la valorisation de cette production agricole, et que les pouvoirs publics devront par voie de conséquence engager des spécialistes de l'agroalimentaire à s'impliquer pour la préservation de ce potentiel de toute une région, dont la vocation agricole s'était constituée sur une longue période avec d'énormes sacrifices. Signalons qu'au passage, que la production agricole enregistre au niveau du grand Madher, pour cette année, a été de 700 000 t de produits maraîchers (pomme de terre, tomate et carotte) et 20 000 t des fruits, notamment les abricots.