Estimation n «Entre 30 et 40% des produits alimentaires soutenus sont gaspillés et finissent dans les poubelles», a déclaré l'universitaire et économiste Kamel Rezzig. Ce n'est pas la première fois que des experts tirent la sonnette d'alarme sur le mode de consommation frénétique et presque boulimique des Algériens. Ce nouveau mode de consommation a drainé avec lui, outre la flambée des prix, un autre phénomène qui s'est installé au fil du temps pour prendre racine dans la société. Il s'agit du gaspillage qui fait perdre à l'économie nationale pas moins de 500 milliards de dinars pour le seul mois de ramadan. L'Algérien a, ainsi, perdu toute notion de rationalité et de rigueur dans ses habitudes alimentaires, de l'avis de notre économiste qui a appelé à la révision du système de soutien des produits de première nécessité destinés aux couches défavorisées avec la mise en place d'un système monétaire fort. le Dr Kamel Rezzig, a plaidé hier samedi depuis Tlemcen pour un changement dans le comportement de consommation des Algériens, marqué, selon lui, par le gaspillage. Intervenant lors d'un symposium national ayant pour thème «l'économie algérienne à l'ère des turbulences : quelles perspectives ?», il a insisté sur le nécessaire changement dans le comportement de consommation des Algériens. Selon l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), le gaspillage alimentaire est essentiellement dû au degré de consommation qui s'est élevé à 50% pour tous les produits alimentaires. L'UGCAA a fait état du gaspillage compris entre 5 et 10 millions de quintaux de produits alimentaires annuellement depuis quelques années. Le syndicat ne peut s'empêcher dans ce cadre de citer le gaspillage à outrance qui touche la baguette de pain. Plus illustrative, l'Union revient sur le gaspillage au mois de ramadan. «Ils consomment 4,1 milliards de baguettes de pain durant le ramadan, mais en jettent à la poubelle 120 millions. On achète 15 baguettes de pain, alors qu'on ne pourra en manger que la moitié. L'on serait curieux de voir la réaction du consommateur algérien si l'Etat arrêtait la subvention du pain et que la baguette s'affichait à 30, voire 50 DA ? Continuerait-il à acheter les mêmes quantités ou réfléchirait-il à deux fois avant de fixer le nombre de pains qu'il prendra ?», S'interroge l'UGCAA. Le Dr Rezzig de l'université de Blida, a, à cette occasion aussi fait un diagnostic de l'économie nationale et les différentes mesures positives préconisées par l'Etat pour booster l'économie productive nationale. Il a notamment cité le plafonnement de l'importation, l'encouragement du produit national, ainsi que la privatisation des entreprises non stratégiques pour alléger les charges de l'Etat. De son côté, le Dr Abderrahmane Mebtoul, expert en économie, a souligné la nécessité d'une relance de l'économie nationale, estimant que le défi actuel de l'Algérie est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour dynamiser le tissu productif. «L'objectif stratégique est de contribuer à la croissance du pays afin de permettre la création d'emplois productifs et d'atténuer les tensions sociales», a-t-il ajouté. D'autres intervenants, à l'instar des docteurs Bounoua Chaïb et Benbouziane Mohamed de l'université de Tlemcen, ont également abordé la faiblesse de l'effondrement des prix du pétrole de cette année.