Résumé de la 2e partie n La région du Machu Picchu, située aux marges des Andes et de la forêt amazonienne, fut peuplée par les montagnards des régions de Vilcabamba et de Cusco, toujours à la recherche de nouvelles terres cultivables. La communication entre les régions était rendue possible grâce au réseau formé par les huit chemins incas qui allaient à Machu Picchu (voir Chemin de l'inca). La petite cité se différenciait des populations voisines par la singulière qualité de ses grands édifices. À la mort de Pachacútec, et selon les coutumes royales incas, Machu Picchu passa à sa panaca (cour, clan, clientèle élargie), qui devait destiner les rentes produites au culte de la momie du défunt roi. Cette situation se serait poursuivie sous les règnes de Tupac Yupanqui (1470-1493) et Huayna Capac (1493-1529). La ville ne peut justifier le mythe de la «cité perdue» (développé par le livre d'Hiram Bingham, La Fabuleuse Découverte de la cité perdue des Incas) ou du «refuge secret des empereurs incas» car Machu Picchu dut perdre de son importance en raison du désintérêt des empereurs successifs et aussi de l'ouverture d'un chemin plus sûr et plus large entre Ollantaytambo et Vilcabamba (vallée de Amaybamba). La guerre civile inca (1531-1532) et l'arrivée des Espagnols à Cuzco en 1534 vidèrent les activités de Machu Picchu de sens, une fois disparue l'aire géographique sacrée de Cuzco. En outre, la résistance inca dirigée par Manco Inca en 1536 appela les nobles des régions proches à rejoindre la cour en exil de Vilcabamba, et il est fort probable que les principaux nobles de Picchu aient alors abandonné la ville. Des documents contemporains mentionnent une dépopulation de ces régions. Les paysans de la région étaient essentiellement des mitmas, issus des différents peuples conquis par les Incas et déplacés de force sur ces terres. À la chute du système économique inca, ils retournèrent sur leurs terres natales. Picchu et sa région deviennent tributaires de l'encomienda espagnole de Ollantaytambo : le premier chef en fut le conquistador Francisco Pizarro. Ceci ne signifie pas que les Espagnols montèrent jusqu'à Machu Picchu, ni qu'ils connaissaient son importance passée, mais ils savaient le lieu, probablement déjà en partie déserté. Un document indique que l'inca Titu Cusi Yupanqui, qui régnait à Vilcabamba, demanda à des frères augustins d'évangéliser «Piocho» vers 1570. Il n'y a pas de lieu qui se nomme ainsi, mais «Picchu» est le seul nom qui s'en rapproche. Ce qui fait dire à Lumbreras que les fameux «extirpeurs de l'idolâtrie» ont peut-être à voir avec la destruction et l'incendie du Temple du Soleil. A Suivre