Constat n La situation est si grave qu'elle a même fait réagir Net Com en 2014, qui a depuis acquis des bennes spéciales dédiées exclusivement au ramassage du pain. Certaines bennes ont ramassé jusqu'à 3 tonnes de pain par jour, soit plus de six tonnes en un seul semestre en 2014, selon Mme Bouzidi, responsable au sein de l'entreprise Netcom. En 2015, la situation n'est guère meilleure. «Nous avons récolté plus de 9,5 tonnes de pain à travers 28 communes sur les 57 que compte la wilaya d'Alger», a souligné Mme Bouzidi. Le pain ramassé est acheminé vers le centre d'enfouissement technique de Hamissi pour être recyclé au profit des éleveurs et revendu en tant qu'aliment de bétail. Ces chiffres sont confirmés par la Fédération nationale des boulangers, qui parle de «70 millions de baguettes fabriquées par jour, dont 20 millions sont jetées». Une situation qui s'est répercutée sensiblement sur l'importation de blé tendre destiné à la fabrication de la farine. En 2014, l'Etat a ainsi importé 7,4 millions de tonnes de blé, dont plus de 5,4 de blé tendre destiné à la fabrication de la farine. Abdelaziz Naït Abderrahmane, à la tête de la direction générale de la régulation et de l'organisation au ministère du Commerce, parle, lui, d'un phénomène de gaspillage «très poussé». Il estime, dans ce cadre, nécessaire de sensibiliser les consommateurs qui achètent des baguettes de pain qu'ils ne consomment pas. Les prix qui sont très abordables par rapport au pouvoir d'achat du consommateur et les subventions qui profitent à tous, au lieu de cibler les plus pauvres, demeurent pour beaucoup d'observateurs la cause principale de ce comportement. Cette situation «pourrait même perdurer, même si on augmente le prix du pain, qui restera de toute façon soutenu. Nous ne sommes pas devant un produit qui est vendu à son prix réel, qui pourrait peut-être doubler dans le cas où la subvention cesse», a soutenu Naït Abderrahmane. Evoquant la qualité du pain vendu, Sami Koli, directeur de la qualité et de la consommation au ministère du Commerce a indiqué qu'il «n'y a pas que le prix qui a conduit à un tel gaspillage. Il y a aussi le mode de consommation et la culture de consommation». «Nous ne consommons pas que la baguette actuellement puisque il y a une évolution chez le consommateur algérien. Il y a plusieurs types de pains qui sont fabriqués et commercialisés et qui sont aussi jetés. Toutes les variétés de pain qui sont sur le marché sont jetées tout comme la baguette», insiste- t-il avant d'annoncer que les services concernés du ministère du Commerce planchent actuellement sur autre composition de la farine. Il s'agit d'un autre type de pain qui peut être commercialisé à un coût inférieur avec un gain plus rémunérateur pour les boulangers. «Les tests ont été lancés et sont toujours d'actualité au ministère du Commerce pour arriver à mettre sur le marché un produit qui ne va pas remplacer la farine panifiable, mais une sorte de substitution graduelle qui va aider le consommateur à consommer un autre type de pain», selon M. Koli.