Hommage n «Figure de la classe politique algérienne durant un demi-siècle, il fut auparavant l'un des fers de lance de la résistance à la colonisation française», a souligné Radio France Internationale (RFI). «Svelte, élégant, habillé sobrement mais avec recherche, le nez aquilin et les cheveux poivre et sel, Aït Ahmed, qui était docteur en droit, cultivait l'image d'un homme calme, posé et de grande culture», a-t-on ajouté. Quelques titres de la presse française ont, en effet, rendu hommage mercredi à l'un des déclencheurs de la guerre de libération, mettant en relief son caractère d'opposant historique» sans s'attarder sur son parcours pour l'indépendance de l'Algérie. Le journal Le Monde, dans son édition électronique, a été pratiquement le seul média à avoir écrit sur son passé révolutionnaire. «Militant contre l'ordre colonial, il fut également un opposant déterminé à l'ordre nouveau, instauré après l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962», a relevé le journal, qui ajoute que «ni son exil prolongé en Suisse, ni l'affaiblissement de son parti, le Front des forces socialistes (FFS) n'auront entaché cette réputation d'opposant sans concession». Relevant qu'il était le «diplomate de la Révolution», Le Monde relate qu'il était l'ambassadeur permanent du Front de libération nationale (FLN) auprès de l'ONU et représente le FLN à la conférence des non-alignés de Bandoung en avril 1955. «Cette carrière de diplomate de la révolution est interrompue le 22 octobre 1956 par le détournement par l'armée française de l'avion qui le transporte, en compagnie d'autres dirigeants du parti, vers Tunis. Il restera en détention jusqu'en 1962», rappelle-t-il. Sur le plan politique, Le Monde reconnaît qu'on a présenté, «souvent à tort», Aït Ahmed comme étant le «représentant des Kabyles». «Il n'a jamais été berbériste, mais aura, au contraire, œuvré pour maintenir la question berbère dans un combat pour les libertés démocratiques, refusant tout débordement vers les thèmes “ethno-culturalistes”», explique le journal. Alors que le quotidien communiste L'Humanité annonce juste, dans un entrefilet, le décès de Hocine Aït Ahmed, le quotidien Libération a indiqué qu'affaibli depuis 2012, il avait cessé toute activité politique. «Son itinéraire, écrivait José Garçon dans Libération le 15 avril 1999, symbolise une valeur ancrée dans la société algérienne : la résistance contre toutes les formes de domination», rappelle le journal, qui ajoute, dans une succincte biographie, qu'à l'indépendance en créant le FFS, «c'est le début d'un long combat pour les libertés». Libération rappelle, que dans les années 1990, «à l'heure où l'Algérie bascule dans les violences, il est l'un des premiers à faire du retour à la paix civile +la priorité des priorités+». Radio France Internationale (RFI) a repris, dans son site électronique, le témoignage d'Ali Haroun qui relevait qu'Aït Ahmed était «l'intellectuel du groupe». «C'était un garçon qui, déjà au lycée était un être assez exceptionnel, puisqu'il a été choisi comme le premier responsable de l'Organisation spéciale (OS), (à) qui depuis 1947 préparait l'action armée qui s'est déclenchée en 1954», a-t-il noté. F. H. Le village Ath Ahmed pleure son enfant l La vie au village Ath Ahmed, dans la commune d'Aït Yahia, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, semble s'être arrêtée depuis mercredi, après l'annonce du décès de son digne enfant qui a inscrit en lettres d'or son nom sur les pages éternelles de l'histoire de l'Algérie. Ce jeudi, seule la zaouïa de Cheikh Mohand Oulhocine est animée par un va-et-vient incessant de gens qui viennent présenter leurs condoléances à la famille de l'un des acteurs de la Révolution du 1er Novembre 1954. La route qui mène de Tizi Ouzou vers Aït Yahia, en passant par Aïn El-Hammam, est particulièrement animée en ce jour férié du Mawlid Ennabaoui Echarif. Des véhicules en provenance des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès et Béjaïa affluaient depuis la matinée vers le village natal de Hocine Aït Ahmed. Des militants du FFS, des journalistes et autres citoyens ont décidé de se rendre dans le village où l'un des grands chefs historiques algériens à ouvert les yeux, pour lui rendre hommage et présenter leurs condoléances à ses proches. A la zaouïa de cheikh Mohand Oulhocine, Boussad Aït Ahmed, neveu du défunt, recevait les condoléances des visiteurs, visiblement émus par la triste nouvelle tombée mercredi comme un couperet. Au village, l'ambiance était plutôt sombre, les cafés maures ayant été désertés par les habitués préférant, circonstance oblige, la zaouia.