Débrayage n Les cheminots entament ce jeudi leur deuxième jour de grève pour réclamer plus de sécurité, alors que la tutelle se dit «incapable d'assurer la surveillance de l'ensemble des passages à niveau non gardés». Cette grève a été déclenchée suite à un accident survenu mardi dernier et ayant causé la mort d'un employé et des dégâts matériels considérables. «Rien que sur la ligne de Béjaia, il y a 27 passages à niveau non gardés (…) ce n'est pas la première fois que ce genre d'incident se produit, il y a quelques jours sur la ligne de Tlemcen, un camion a heurté un train causant la mort d'un contrôleur !», déplore un contrôleur en retraite rencontré ce matin à l'entrée de la gare Agha. Les bancs des trains à quai étaient vides et tous les guichets étaient fermés. Même le service minimum n'a pas été assuré. Conséquence, quelques voyageurs désirant effectuer leur habituel déplacement ce matin ont été pénalisés. «Encore une grève !» se lamente un fonctionnaire qui devait se rendre à Rouïba. Les mécaniciens ne comptent pas reprendre le travail si la tutelle ne prend pas en charge leurs revendications, la sécurité des trains en particulier. Contacté hier, le directeur de la sécurité auprès de la Société nationale des transports ferroviaires n'a pas minimisé les dégâts, tout en précisant que «la première victime c'est la SNTF (…) l'incident d‘hier (ndlr) nous a fait perdre un de nos agents». Mourad Tazdait précise encore : «Les travailleurs sont dans leur droit le plus légitime d'être so-lidaires avec leurs collègues, d'autant qu'il s'agit d'une perte humaine. Mais le recours à la grève est-il la meilleure solution pour réclamer ses droits ?» Il expliquera, en effet, que la classification des passages à niveau est soumise à une loi. «Il y a des croisements entre la route et la voie ferrée qui sont classés par catégorie. Notre personnel veille 24 heure sur 24 pour assurer la surveillance des passages, et ce, pour sécuriser les trains». Pour ce qui des passages à niveau non gardés, «il y a une signalisation et les conducteurs de véhicules doivent respecter la réglementation en s'arrêtant lorsqu'on signale l'arrivée d'un train, sachant qu'un train qui circule entre 60 et 80 km / heure doit actionner son arrêt sur une distance d'un 1,2 km pour pouvoir s'arrêter». Or ce qui s'est passé mardi matin (9 heure 40 mn) sur la ligne Beni Mansour – Béjaia est «dramatique. C'est la faute au conducteur du semi-remorque, puisque dans les passages non gardés, la signalisation oblige le camion à s'arrêter et la priorité est accordée au train». Cependant, selon ce responsable de la SNTF, «il est quasiment impossible de surveiller les 1500 passages à niveau non gardés au niveau de tout le réseau ferroviaire. On a procédé à la surveillance d'une dizaine de passages, mais on ne peut pas tout contrôler. Imaginez, pour tout garder, cela nécessite au moins 5 agents par zone, ce qui est impossible en terme de coût, de charges.. pour la SNTF», argue-t-il. En dépit des efforts déployés par la SNTF pour la surveillance des passages à niveau, il n'en demeure pas moins qu'il y a toujours des pertes humaines enregistrées et des dégâts matériels, regrette-t-il. Le bilan, arrêté au 31 novembre 2015, a fait état de 66 accidents ayant causé 7 morts et 39 blessés, soit quand même une baisse par rapport à 2014, où la SNTF a enregistré 70 accidents ayant causé 12 morts et 48 blessés .