En Suisse, il y avait une fois un comte assez âgé qui n'avait qu'un fils ; mais ce fils, était stupide et ne savait rien apprendre. «Ecoute, mon fils, lui dit son père, je n'arrive à rien avec toi, et je suis incapable, quoi que je fasse, de te mettre la moindre chose dans la tête. Tu vas donc partir d'ici et je vais te confier à un maître fameux qui tentera de faire quelque chose de toi». Le fils étudia pendant un an avec ce maître. Quand il revint chez lui, le père fut horrifié de l'entendre dire : «J'ai appris ce que disent les chiens quand ils aboient». Renvoyé pour une deuxième année d'études avec un maître différent, l'enfant revient pour dire qu' «il a appris ce que disent les petits oiseaux». Furieux de constater que son fils avait une fois de plus perdu son temps, le père se mit en colère : «Tu iras chez un troisième maître, menaça-t-il, mais si cette fois tu n'y apprends rien, moi je ne veux plus être ton père». Quand l'année s'acheva, le fils rentra à la maison et son père lui demanda : «Mon fils qu'as-tu appris?» «Mon cher père, cette année j'ai appris ce que coassent les grenouilles». Le père entra dans une telle fureur qu'il chassa son fils et ordonna à ses domestiques de l'emmener dans la forêt pour lui ôter la vie. Mais les serviteurs ... se contentèrent de l'abandonner dans la forêt. Au cours de ses pérégrinations, il parcourt un pays affligé par des chiens sauvages dont les aboiements furieux empêchent les gens de dormir et qui, à certaines heures, veulent qu'on leur livre un homme qu'ils dévorent instantanément. Comme le héros comprend le langage des chiens, ceux-ci lui expliquent pourquoi ils sont si féroces et ce qu'il faut faire pour les apaiser. Dès que le jeune homme a fait le nécessaire, les chiens quittent le pays et le héros y séjourne quelque temps. Quelques années plus tard, il décide d'aller à Rome. En chemin, des grenouilles, par leurs coassements, lui révèlent un avenir fabuleux, ce qui le rend tout pensif. Arrivé à Rome, il apprend que le pape vient de mourir et que les cardinaux ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le nom de son successeur. Au moment même où les cardinaux décident que le futur pape sera désigné par un signe miraculeux, deux colombes blanches viennent se poser sur les épaules du héros. Quand on lui demande s'il accepterait de devenir pape, il hésite, ne sachant pas s'il en est digne ; mais les colombes lui conseillent d'accepter. Il est donc consacré, comme l'avaient prédit les grenouilles. Mais il doit chanter la messe, et comme il n'en sait pas le premier mot, les colombes, qui n'ont pas quitté ses épaules, lui soufflent tout dans l'oreille.