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Histoires vraies
La voisine (2e partie)
Publié dans Info Soir le 21 - 09 - 2004

Résumé de la 1re partie A seize ans, Josette Coudron, vivant à la campagne, s?éprend d?un jeune Parisien et se rend compte, trois mois après, qu?elle a commis la faute. Elle est enceinte !
Et quand elle se décide, il est trop tard. Elle a laissé passer le délai. Elle ne savait pas qu'il y avait un délai, elle ne savait rien. A ce moment-là, et pour tout arranger, c'est la guerre. Josette a autre chose à faire qu'à rechercher son enfant, dont elle ne sait même pas s'il a été adopté, s'il est en zone libre, en zone occupée, ou s'il existe encore. Alors, cet enfant devient une obsession.
A mesure que Josette Coudron prend de l'âge et mûrit, elle se libère de l'incompréhension, de la culpabilité, de l'hypocrisie qui l'entouraient jusque-là et n?a plus qu'une idée : retrouver son enfant, quitte à le montrer sur la place du village, à la sortie de la grand-messe.
Les années passent... et elle cherche inlassablement. Elle gagne sa vie comme serveuse, puis comme caissière. C?est une vie triste et elle finit par épouser, sur le tard et sans amour, le gérant du café où elle travaille. Un brave homme à qui elle raconte son histoire et son obsession : retrouver sa fille. Son enfant est quelque part en France, peut-être pas encore mariée, elle porte peut-être encore son nom, ce même nom qu'elle : Josette Coudron. C'est la seule piste.
Les années passent au rythme des pages d'annuaires téléphoniques et des listes électorales que Josette consulte à en avoir mal aux yeux. De temps en temps son mari, qui a le sens des idées toutes faites, lui dit charitablement : «Ma pauvre Josette, autant chercher une aiguille dans une botte de foin !»
Mais il l'aide, car il comprend, il sait que lui n'aura jamais d'enfant d'elle, il est trop âgé.
Et puis, en 1960, c'est le choc ! Josette Coudron est là, c'est elle, dans une ville de l'Isère. Elle a vingt-quatre ans, elle n'est pas mariée, ce ne peut être qu'elle !
Alors, Josette arrive à persuader son mari de vendre son affaire et d'aller s'installer avec elle dans cette ville de l'Isère, dans le quartier où habite sa fille.
Il faut à la mère des semaines et des mois avant de parvenir à faire, de loin, la connaissance de sa propre fille. En se trouvant sur son passage, ou en fréquentant les mêmes commerçants... Elle devient d'abord cette dame que l'on connaît vaguement, puis davantage, et un peu plus... Alors, elle invite sa fille à venir au café dont elle est la nouvelle gérante. Peu à peu, Josette Coudron devient ainsi, sans le savoir, l'amie de sa mère qui n'ose pas lui avouer la vérité, qui se ferait écharper plutôt que de dire qu'elle est sa mère car, chaque fois que la conversation vient sur la famille ou sur les enfants, Josette a toujours la même réflexion : «Vous savez, je ne souhaite à personne de connaître mon enfance... J'ai été abandonnée par ma mère, je ne sais pas où elle est, je ne veux pas le savoir !»
Pour Josette, la situation est encore pire qu'avant, car elle connaît enfin sa fille, elle est même son amie, mais n?osera jamais lui dire la vérité, et jamais sa fille ne pourra deviner cela toute seule. Elle connaît Josette sous le nom de Mme Bernard, une brave dame qui tient avec son mari le café-restaurant Terminus. Elle sait seulement qu'elle a le même prénom, mais cela n'engage à rien.
Et puis, vient peut-être le pire pour la mère : sa fille est fiancée, sa fille va se marier. Et, tout naturellement, elle dit à cette brave Mme Bernard : «Nous pourrions faire le repas de noces chez vous, nous ne serons pas nombreux, vous savez, il n'y aura que la famille de mon fiancé !» Et elle ajoute avec cette amertume au coin des lèvres qui lui vient chaque fois qu'elle aborde le sujet : «Vous savez, je n'ai pas eu de parents...»
La cérémonie, le repas de noces de sa fille sont pour Mme Bernard une situation atrocement pénible. On la remercie : «Mme Bernard nous a fait un bon repas... un ban pour Mme Bernard !»
Elle se sent plus écartée que jamais en servant la pièce montée. Comment dire à cette jeune femme en train de se marier : «Je suis ta mère? c?est moi qui t?ai abandonnée? embrassons-nous !» A suivre


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