RESUME : Sorreya se voit contrainte à se taire lorsqu'elles se présentent à Aziz venu chercher ses paquets. Elles demandent à Sorreya de les aider à cambrioler la boutique. Elle ne veut pas être comme elles, même si leur origine était la même. Est-il fou ? Comment peut-il lui parler d'avenir ? Il ne la connaît même pas et voilà qu'il veut et tient à voir sa mère, parce qu'il est sérieux, parce qu'il est un garçon bien sous tous les rapports. Ah s'il savait. Sorreya essuie ses yeux avec le revers de sa main, tout en tournant en rond dans sa chambre. Elle a mal. Elle lui en veut d'avoir brisé le peu de paix dans laquelle elle vivait depuis quelques mois. Il était entré dans sa vie, en même temps que ces deux anciennes amies étaient réapparues. Cela ne présage rien de bon. Houria et Magda allaient mettre leurs menaces à exécution si elle ne les aidait pas. Elle ne peut pas le faire. Elle sait qu'elle prend le risque de se retrouver sans travail. Car il lui faudra en parler à sa patronne. Qui sait comment elle réagira lorsqu'elle lui apprendra tout ? Qu'elle n'a aucune origine et qu'après avoir fui une famille adoptive qui a tenu à profiter de sa jeunesse et de sa force pour les travaux, elle s'était retrouvée à la rue, ces cinq dernières années. Et pour survivre, elle était entrée dans une bande de voleurs. Comme elle était belle, ils se servaient d'elle pour les renseignements. Elle n'a jamais mis la main sur quoi que ce soit mais elle leur a servi jusqu'au bout. Ils agissaient selon ces renseignements. Le jour où ils lui ont demandé de faire comme eux, elle s'était enfuie, pour ne pas avoir à franchir cette limite qui lui faisait tant peur. Elle ne veut pas être comme eux, même si leur origine était la même. Si elle n'avait pas eu la chance de croiser Josette, il est sûr qu'elle serait encore avec eux, préparant un autre coup, risquant leur liberté ou leur vie pour le bonheur de quelques jours, se refusant à voir les mines malheureuses des personnes volées, convaincus que celles-ci méritaient la chose. Pour eux, ils sont les seules victimes en ce bas monde et ne font rien pour changer leur situation en bien. Sorreya avait eu la chance de tomber sur Josette. Une vieille gitane qu'ils avaient l'intention de voler. Elle était entrée plusieurs fois dans sa boutique d'habillement pour nouveaux-nés et dans son épicerie aussi grande qu'un monoprix. Josette l'avait tout de suite remarquée et aussi aimée. Elle lui avait donné des fruits et des gâteaux, lui demandant de les apporter à ses parents. À chaque fois qu'elle s'était pointée à son épicerie, elle lui remettait des cadeaux et même de l'argent. Sorreya ne pouvait pas se résoudre à donner à sa bande les renseignements qui leur permettraient de la voler. Elle ne pouvait pas trahir sa bienfaitrice. Lorsque la bande avait décidé de se passer des renseignements et de l'attaquer, un soir où elle fermera tard, Sorreya s'était précipitée pour la mettre au courant. Elle ne voulait pas qu'il lui arrive malheur. Dès qu'elle l'avait mise au courant. Sorreya avait décidé de vite repartir pour ne pas être vue par ceux qui faisaient le guet chaque jour. Mais Josette avait refusé de la laisser partir. - Je me rends compte que ta conscience est en éveil. Puisque tu n'as pas le fond mauvais et que l'œil protecteur de Dieu est sur toi, je te propose de venir vivre chez moi. Puisque tu n'as pas de famille (Sorreya avait fini par lui confier tout ce qui la concerne), je serais heureuse de t'adopter. Mes enfants sont tous repartis en France, depuis qu'il n'y a plus de sécurité dans la région. Ma maison est grande. Je serais vraiment heureuse de t'y accueillir. Sorreya n'avait pas pu refuser. Il aurait fallu être fou pour retourner vivre dans un garage, à plusieurs, où les nuits longues servent plus à méditer un autre coup qu'à se reposer, à se concerter sur l'avenir en songeant à se faire une situation, une vraie, avec une vie honnête. Josette lui avait donné cette occasion en lui ouvrant son cœur et sa maison. Toute sa vie, elle lui en sera reconnaissante. Grâce à elle, elle avait repris espoir et s'était mise à croire en Dieu. Toutes ces années d'errance, de peur et d'humiliations appartiennent au passé et lui paraissent comme un cauchemar qu'elle veut à tout prix, ne plus avoir à revivre. Mais maintenant que Houria et Magda étaient réapparues dans sa vie, elle se demande comment faire pour qu'elles sortent à tout jamais de sa vie. Au dîner, Josette remarque sa mine soucieuse. Lorsqu'elle l'interroge, Sorreya hésite à se confier. Doit-elle trouver une solution toute seule ? Ou lui demander son avis, et pourquoi pas, son aide ? (À suivre) A. K. [email protected]