Résumé de la 1re partie Le procès de Youcef se poursuit. Karima qu?il avait violée est appelée à la barre. «Et maintenant ?» «ça va à peu près», sourit Karima. «Je vérifie toujours les placards et les verrous et j?ai d?autres problèmes plus intimes dont je n?ai pas envie de parler ici.» Quant à Youcef, elle essaye de ne plus y penser. «J?essaye de l?évacuer de ma vie par tous les moyens.» «J?espère qu?elle pourra oublier et vivre normalement», a déclaré Youcef, se disant désolé d?avoir infligé «tant de souffrance à Karima», avait-il lancé à la jeune femme, la seule à pouvoir encore l?entendre. «J?étais impuissant» : le père de Youcef n?a pas caché sa douleur à la barre de la cour d?assises. Il a visiblement du mal à assumer ce fils, tout comme son ex-femme, Fatima, mère de Youcef. C?est d?un pas hésitant que cette femme, le visage bouffi, est entrée dans la salle d?audience. Pourtant, elle était belle, elle collectionnait les amants, vivait ses passions au vu et au su de tous, même de ses enfants. Sa vie conjugale, une catastrophe. Le président a dû lui envoyer les forces de l?ordre pour l?amener à témoigner. Elle fuit les questions directes, couvre son ex-mari décrit comme «très violent» par Youcef. «C?étaient des corrections banales, assure-t-elle. ? Des gifles ?, insiste le président. ? Un peu plus quand même ! ? Des «coups de poing ? ? Quand il répondait mal peut-être», finit-elle par admettre. Sa propre relation avec son fils était normale. «Je n?étais pas du tout sévère, il en profitait un peu. Ses dérapages, bien sûr que je les voyais», explique Fatima, qui se défend d?avoir baissé les bras : «Je m?occupais de lui.» Quant aux faits reprochés à son fils, elle ne peut y croire. Sans jeter un regard à Youcef qu?il n?a pas vu depuis des années, son père succède à son ex-femme en évoquant un «enfant normal», très agréable, qui avait quelques difficultés à l?école. «Je ne sais pas si j?ai fait tout ce que je devais, certainement pas», reconnaît l?homme. «J?ai essayé de faire quelque chose, je n?ai pas réussi», ajoute-t-il. Il nie cependant tout acte de violence envers son fils, avant d?admettre «un coup sur la tête». Appelé à témoigner, son frère Amine répond à son frère qui lui disait : «Je t?aime», «Moi aussi je t?aime.» Ce frère, qui a réussi, dit cependant mal connaître Youcef. «Je n?y croyais pas, je savais qu?il était violent, mais pas à ce point», affirme le jeune homme, qui reconnaît du bout des lèvres des «disputes violentes entre les parents». En pleine audience, le père de l?une des victimes menace Youcef de mort. «Nous nous vengerons, avec ma femme, nous avons décidé de te faire liquider, quitte à attendre très longtemps, ta sortie de prison», lance à l?accusé le père de Salima, dont le corps avait été retrouvé dans un fossé. Lors de sa déposition, le père de Salima, les traits crispés par la douleur a longuement évoqué devant le président le souvenir de sa fille, avant de se tourner soudain vers l?accusé et de proférer ses menaces. «Aujourd?hui, je n?ai plus de douleur, je n?ai que de la haine ! Tu ne t?en sortiras pas. Ma femme et moi t?avons condamné à mort. On te fera buter.» Plusieurs policiers assistent à l?audience. La venue à la barre de l?ancienne femme de l?accusé, Nadia, avec laquelle il a eu une fille, Hind, 5 ans, a constitué l?autre moment fort de la journée. «Si tu aimes Hind, il faut que tu parles. Dis la vérité pour pouvoir te regarder dans la glace, pour au moins que ta fille ne croie pas toujours que son père est le pire des salauds», a lancé la jeune femme à son ex-compagnon. Le regard fuyant, l?accusé s?est enfoncé au contraire dans un profond mutisme, après avoir seulement dit à son ancienne amie : «J?ai dit toute la vérité.» Youcef a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d?une peine de 20 ans. Le regard rivé vers le sol, il n?a pas eu de réaction à l?annonce du verdict, qui n?a été accompagné d?aucun mouvement d?humeur dans la salle d?audience. Les familles des victimes ont quitté la salle une à une, en silence. La deuxième partie parue dans la rubrique Tribunal «Six viols et cinq meurtres» ayant été rendue incompréhensible à la suite d?une erreur technique, nous la republions dans sa forme correcte. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs.