Difficultés n L'agence peine à se retrouver et à prouver son savoir-faire en tant que bureau d'étude expert et également seul organisme de l'aménagement du territoire depuis les années 80. «Aménager le territoire pour édifier une économie diversifiée et compétitive hors hydrocarbures». C'est sous ce signe que l'Agence nationale de l'aménagement et de l'attractivité des territoires (Anaat) active depuis 2011. Elle est issue de l'ex-Anat, à la faveur des changements législatifs et réglementaires intervenus dans le domaine de l'aménagement du territoire. Ses missions ont été révisées et son rôle de service public, sous la tutelle du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, conforté. Toutefois, l'Anaat n'est pas sollicitée. Les gens ne la connaissent-ils pas ou a-t-elle été oubliée ? Depuis sa création en 1980, l'Anaat a assuré des prestations d'études, d'assistance et de conseil aux ministères, administrations, collectivités locales ainsi qu'aux différents opérateurs techniques et économiques dans ses domaines de compétence que sont l'aménagement du territoire, du tourisme et de l'artisanat dans toute leur diversité. L'agence est passée, selon ses responsables, par des périodes de flottement avant sa relance en 2011 pour devenir «Anaat». Mais avec la conjoncture économique actuelle, elle peine à se retrouver et à prouver son savoir-faire en tant que bureau d'étude expert et également seul organisme de l'aménagement du territoire depuis les années 80. Un organisme ayant participé en grande partie, selon la directrice générale Skander Souad Farida, à la loi sur le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat), «j'estime utile de donner à cet établissement public son importance en lui confiant des études. On peut travailler avec d'autres bureaux d'étude d'urba-nisme ou autres, à condition qu'ils passent par notre agence pour expertise avant d'aller vers la réalisation sur terrain», nous a-t-elle indiqué lors d'un entretien accordé à Infosoir. Mme Skander dit regretter le recul des appels d'offres sur les journaux «sans vouloir critiquer les bureaux d'études privés, on constate que des études leur sont attribuées, comme les plans d'aménagement des wilayas. Pourtant, nous avons plus d'expérience sur le terrain. Les études doivent se faire par l'Anaat, sinon faire de l'Anaat un bureau d'étude expert pour l'expertise de toutes les études réalisées par d'autres bureaux d'études avant toute validation et mise en œuvre. Nous sommes là pour le suivi de la mise en œuvre. S'il y a des réserves on les fait», nous a-t-elle confié. En outre, l'Anaat dispose d'un potentiel de chargée d'étude et d'équipes de travail toutes disciplines confondues «nous sommes polyvalents. Nous avons différents profils». A savoir des architectes, urbanistes, aménageurs, géographes, économistes, sociologues et bien d'autres. «On travaille sur deux grands produits. Un produit lié aux outils de mise en œuvre de la stratégie nationale de l'aménagement du territoire. Et également des études liées aux espaces fragiles et aux enjeux environnementaux», nous a expliqué Ali Benseddik le directeur des études au niveau de l'Anaat. Souad Labri «Certaines études ne sont pas cohérentes» l L'Anaat se charge de réunir les éléments techniques nécessaires à l'élaboration des programmes et de la politique nationale d'aménagement et de développement durable du territoire, ainsi que de l'élaboration et de l'évaluation des instruments d'aménagement du territoire qui lui sont confiés. Ainsi, de nombreux travaux concernant des wilayas ont été élaborés par l'agence, selon sa directrice, notamment des Plans de développement et d'aménagement urbain (Pdau), les Plans d'aménagement des wilayas (Paw), les Plans d'occupation du sol (Pos) et des études environnementales. «Certaines études se font à gauche et à droite et ne sont même pas en cohérence. Nous on fait par exemple le Paw et d'autres bureaux d'études font des Pdau et des Pos. Alors que ces études doivent découler du Paw. Ces bureaux d'études devraient prendre en considération ce que le Paw a dit. Et le Paw doit prendre en considération ce qui est prescrit par le Snat», a-t-elle repris. La même responsable appelle à plus de coordination et de cohérence dans des études de grande envergure, comme celles des Paw.Le secrétaire général de l'Anaat, Boudellal Abdelhalim, estime pour sa part que certaines contraintes dépassent le cadre de l'Anaat «la grande partie des études a été confiée à d'autres bureaux d'étude. Sans pointer du doigt les responsables, ceci est dû au code du marché qui impose le moins disant «donc n'importe qui peut faire de l'aménagement. Mais on constate que sur le terrain il y a des écarts», nous a-t-il déclaré. Par ailleurs, la directrice déplore que parfois, des bureaux d'études privés cassent les prix, «on ne peut pas casser les prix. Il faut qu'on évalue l'étude à sa vraie valeur. Nous avons des charges. On doit engager des experts de haut niveau, même des étrangers en cas de nécessité pour les grands projets, afin de donner l'importance à l'étude avec toutes ses charges et déplacements sur le terrain». Skander constate aussi qu'actuellement les études du Paw sont sous-évaluées par rapport à une étude du Pdau et du Pos «on doit donner de l'importance aux études et même aux bureaux d'études qui font du bon travail», appelle-t-elle. S. L. Riche expérience l L'Anaat capitalise à ce jour 3 décennies de prestations d'étude, d'assistance et de conseils aux ministères, administrations et collectivités locales et aux divers opérateurs techniques et économiques. Pour sa 2e année d'activité en tant qu'Anaat (2014/2015), cette Epic a dégagé des résultats positifs en 2014, selon Boudellal Abdelhalim «Ce sera la même chose pour 2015. Nous escomptons également réaliser un bénéfice en 2016 sous réserve que les contraintes soient prises en considération. Tout dépendra des plans de charge. L'actuel portefeuille nous permettra de tenir encore pour 2016», a-t-il souligné, «ce n'est pas seulement le plan de charge qui nous préoccupe, mais toute la politique et une action à l'échelle nationale», a-t-il enchaîné, plaidant pour que l'Anaat soit sollicitée non pas en tant que bureau d'étude seulement, mais comme bureau d'expertise «On souhaite que les 21 secteurs concernés par le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat) orientent leurs besoins vers nous». Et de poursuivre : «Nous avons hérité d'une banque de données et d'un savoir-faire indéniable. Sa force de frappe réside dans son personnel qui a atteint le niveau d'experts pour aller vers l'expertise. Le Snat, pour rappel, contribuera au développement des secteurs moteurs de l'économie nationale, en l'occurrence l'agriculture, le tourisme, les services et l'économie du savoir et de la connaissance. Il fi-gure parmi les premières études confiées à l'Anaat au lendemain de sa création en 2011. Ainsi ce Snat avec sa grande importance aidera à la préservation de la sécurité économique, alimentaire et énergétique du pays. S.L. Tipasa … pour la valorisation des ressources locales l L'Anaat est en cours de réalisation du Plan d'aménagement (Paw) de la wilaya de Tipasa et sa déclinaison par air d'aménagement et par action prioritaire. La 3e phase a récemment été présentée en plénière et validée avec quelques réserves : «On attend juste qu'on soit honorés» nous a lancé la directrice. «L'agence est aujourd'hui sur la 4e phase en tant que tableau de bord, on ne demande que l'information auprès des responsables locaux. Il faudrait qu'elle soit cohérente et qu'ils puissent réellement collaborer avec l'équipe de l'agence qui sera sur place. Ils pourront donner leurs points de vues car c'est eux qui ont une vision sur ce que la population veut ainsi que sur leurs inquiétudes», a-t-elle repris. Selon le directeur des études au sein de l'Anaat Seddik Ali, il faudrait prendre en charge la valorisation des ressources locales dont en l'occurrence le tourisme, la pêche et l'agriculture en tant que vecteur de développement.