Annonce n Un gouvernement d'union nationale a été formé hier mardi, en Libye, une étape prévue par l'accord parrainé par l'ONU qui constitue un timide premier pas vers une solution politique à la crise traversée par ce pays divisé où la menace djihadiste est grandissante. Trente deux 32 ministres représentant les différentes parties et régions composent ce gouvernement d'union dirigé par l'homme d'affaires tripolitain Fayez El-Sarraj. Ils ont été nommés par le Conseil présidentiel, une instance présidée par M. Sarraj et créée après la signature en décembre au Maroc de l'accord politique sous l'égide l'ONU. Cet accord avait été signé par des membres des deux Parlements libyens rivaux mais n'a depuis été ratifié par aucune des deux chambres législatives. Les portefeuilles ont été répartis selon les trois régions libyennes : neuf pour l'Ouest (Tripolitaine), huit pour l'Est (Cyrénaïque) et sept pour le Sud (Fezzan). L'annonce de sa formation était attendue dimanche mais des divergences ont ralenti le processus, notamment au sujet du «partage géographique» des portefeuilles. La répartition des ministères régaliens a traditionnellement suscité des frictions entre les trois régions. Deux membres du Conseil présidentiel se sont ainsi abstenus d'approuver ce gouvernement, invoquant «des divergences au sujet de la répartition des ministères», selon l'un d'eux, Ali El-Gatrani. Le portefeuille de la Défense a été confié à Al-Mahdi El-Barghathi (est), l'Intérieur à El-Aref al-Khoja (ouest), la Justice à Abdel Salam Genedi (sud) et les Affaires étrangères à Marwan Abousrewil (ouest). Une seule femme — à la Culture — fait partie de ce gouvernement et le controversé général Khalifa Haftar, commandant des forces loyales au pouvoir reconnu internationalement, n'y figure pas. «Si Haftar ne soutient pas ce nouveau gouvernement, ce qui devrait être le cas vu le nom du ministre de la Défense (ndlr : rival de Haftar), alors je vois mal le président de ce Parlement prêter son concours à une approbation rapide», assure Mattia Toaldo, chercheur à l'European Council on Foreign Relations. Pour que ce nouveau cabinet devienne opérationnel, il doit en effet être approuvé par une majorité des deux tiers par ce Parlement dans les dix jours. L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a toutefois exhorté la Chambre des représentants, le Parlement reconnu par la communauté internationale qui siège dans l'est du pays, à «se réunir rapidement pour approuver» le gouvernement d'union. La Libye est plongée dans le chaos et livrée à des groupes armés depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011 et les deux autorités s'y disputent le pouvoir depuis la prise de la capitale Tripoli par des milices en partie islamistes à l'été 2014. La mise en place d'un gouvernement d'union est ardemment soutenue par les Occidentaux qui souhaitent voir s'installer une autorité à même de lutter contre le groupe Etat islamique (EI). Ce dernier n'a cessé de renforcer sa présence ces derniers mois en Libye où il compte environ 3 000 combattants.