La désignation des membres de ce gouvernement aurait dû intervenir dimanche, mais elle avait été repoussée de 48 heures. Officiellement pour des raisons purement techniques. En dépit d'un léger retard, le tant attendu gouvernement d'union nationale libyen a vu le jour hier avec l'annonce de la formation d'un cabinet de trente-deux ministres dirigé par Faïz Saraj. Visiblement aux aguets, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a salué hier sur Twitter la formation de ce gouvernement. Au passage, le diplomate allemand a exhorté la Chambre des représentants, en l'occurrence le Parlement exilé à Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, à "se réunir rapidement pour approuver" ce gouvernement. Idem pour la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a lancé un appel similaire tout en se félicitant de "la décision importante" que représente l'annonce de la formation du gouvernement. Après de longues et difficiles tractations entre les parties libyennes, le gouvernement d'union nationale prévu dans l'accord signé sous l'égide de l'ONU a été donc formé hier. Ce cabinet, qui sera dirigé par l'homme d'affaires tripolitain Faïz Saraj, est composé de 32 ministres. Le général Khalifa Haftar, commandant des forces loyales au Parlement de Tobrouk, ne fait pas partie des 32 membres du gouvernement d'union, qui ne compte qu'une femme. Un communiqué du conseil présidentiel désigné, repris par les médias libyens, précise que la nouvelle équipe, qui doit permettre au pays de sortir de la crise politique et sécuritaire qui le secoue depuis 2011, est composée de représentants issus de trois régions libyennes, Barka, Fezzan et Tripoli. Les mêmes sources ont précisé que le portefeuille de la Défense a été attribué à al-Mehdi Ibrahim al-Bourghouthi, celui de la Justice à Abdesselam al-Djenidi et l'Intérieur à al-Aaref al-Khodja. Quant au poste de ministre des Affaires étrangères, il est revenu à Marwan Ousriouil, le ministère de la Coopération internationale à Mahmoud Faraj, et le ministère des Finances à Taha Mohamed Sarkaz. Il y a lieu de signaler que l'accord de Skhirat (Maroc), signé par des membres des deux parlements libyens rivaux, n'a pas encore été ratifié par les deux chambres législatives libyennes. C'est le Conseil présidentiel, présidé par Faïz Saraj, qui a procédé à la nomination des ministres. Pour rappel, cette désignation des membres de ce gouvernement aurait dû intervenir dimanche, mais avait été repoussée de 48 heures. Pour que ce gouvernement d'union nationale devienne opérationnel, il doit être approuvé par une majorité des deux tiers au sein du parlement de Tobrouk reconnu dans un maximum de deux semaines et deux jours. Il est urgent que ce gouvernement soit opérationnel pour tenter de sortir la Libye du chaos dans lequel elle est plongée depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Depuis, le pays est livré à des groupes armés, et deux autorités se disputent le pouvoir depuis 18 mois. Sous la pression des pays occidentaux, les parties libyennes en conflit ont fini par lacher du lest en acceptant la formation de ce gouvernement d'union nationale dans l'espoir de s'unifier dans la lutte contre la branche libyenne du groupe terroriste autoproclamé Etat Islamique (Daech). D'ailleurs, la communauté internationale ne cache pas ses inquiétudes du renforcement de la présence de Daech en Libye, où il compterait environ 3 000 éléments, selon Paris. Merzak Tigrine