Réaction n Barack Obama a condamné les propos «inexcusables» de certains hommes politiques visant les musulmans, pointant sans les citer les républicains Donald Trump ou Ben Carson notamment. «Depuis le 11-Septembre, mais plus récemment depuis les attentats à Paris et San Bernardino, vous avez vu des gens faire des amalgames entre les actes horribles de terrorisme et une religion dans son ensemble», a déclaré le président américain lors de son discours devant les membres de la Société islamique de Baltimore. «Récemment nous avons entendu une rhétorique inexcusable contre les musulmans américains, des propos qui n'ont pas leur place dans notre pays. Il n'est ainsi pas surprenant que le harcèlement et les menaces contre les musulmans américains aient augmenté», a-t-il poursuivi. Deux candidats républicains à la Maison Blanche ont tenu ces dernières semaines des propos contre les musulmans: Donald Trump et Ben Carson ont chacun affirmé en novembre dernier avoir vu des images de musulmans célébrant aux Etats-Unis les attentats du 11 septembre 2001 à New York, une légende urbaine pourtant maintes fois démentie. Ben Carson s'est aussi illustré en septembre en lançant qu'aucun musulman ne devrait devenir président des Etats-Unis. L'islam n'est pas en adéquation avec la Constitution américaine, avait-il tout simplement estimé. Donald Trump est même allé jusqu'à demander d'interdire temporairement aux musulmans l'entrée aux Etats-Unis, de peur que des jihadistes ne puissent s'infiltrer et venir commettre des attentats sur le sol américain. « Attaquer une religion, c'est attaquer «toutes les religions», a fustigé M. Obama. Soulignant l'importance de ne pas faire d'amalgame entre «une petite fraction de musulmans qui propagent une vision pervertie de l'Islam» et «une écrasante majorité des musulmans du monde qui voient leur religion comme une source de paix», il a appelé ces derniers à dénoncer haut et fort toutes les dérives en leur sein. «A travers l'ensemble du monde islamique, les voix influentes devraient en permanence s'exprimer», a lancé le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis. Soulignant que le nombre de musulmans aux Etats-Unis était relativement faible (un peu plus de trois millions selon le Pew Research Center, soit 1% de la population), M. Obama a appelé les Américains à ne pas tomber dans les caricatures. Et les musulmans à revendiquer fièrement leur identité. «Vous n'êtes pas musulmans ou Américains, vous êtes musulmans et Américains. Vous n'avez pas à choisir entre votre foi et votre patriotisme», a-t-il lancé. «L'Islam a toujours fait partie de l'Amérique», a dit le président US. Dans cette allocution, entamée en arabe par un «Salam aleikum», Barack Obama avait appelé à tourner la page d'un «cycle de méfiance et de discorde» entre les Etats-Unis et le monde musulman. «La première chose que je veux dire et que les musulmans américains n'entendent pas assez souvent, c'est merci. Merci de servir votre communauté, merci d'améliorer la qualité de vie de vos voisins, et de nous aider à rester forts et unis, comme une famille américaine.» Eviter l'amalgame entre «islam» et «extrémistes» islamiques l Un Américain sur deux estime que le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche devra faire «attention» à ne pas faire l'amalgame entre islam et «extrémistes islamiques», bien que républicains et démocrates soient très divisés sur la question, d'après un sondage mercredi. Exactement 50% des Américains souhaitent que le prochain président soit «attentif à ne pas critiquer l'islam dans son ensemble» lorsqu'il évoque la question des extrémistes islamiques, tandis que 40% d'entre eux considèrent qu'il devrait au contraire «parler franchement, quitte à critiquer l'islam dans son ensemble», dévoile une étude réalisée par le Pew Research Center. Ils sont 70% chez les démocrates à réclamer la prudence mais seulement un gros quart (29%) côté républicain. A l'inverse, deux tiers (65%) de la droite américaine préfère en parler «franchement», contre seulement 22% des démocrates, détaille le sondage. L'étude de Pew est publiée le jour où le président Obama est allé visiter pour la première fois une mosquée aux Etats-Unis et rencontrer la communauté musulmane, à Baltimore. Près d'un Américain sur deux (49%) pense par ailleurs qu'«au moins certains» de leurs compatriotes musulmans sont «anti-Américains» et ils sont même 11% à estimer que «presque tous» ou «tous» ces citoyens le sont, indique également l'étude. Quelque 42% estiment au contraire que «peu ou pas» de musulmans développent de tels sentiments. Par ailleurs, révèle l'étude, six Américains sur dix pensent qu'il y a «beaucoup» de discrimination envers les musulmans aux Etats-Unis et 76% que celles-ci s'accroissent. Le sondage a été réalisé par téléphone auprès de 2.009 adultes américains du 7 au 14 janvier. Une forte communauté l L'islam rassemble aux Etats-Unis environ 2,6 millions de fidèles en 2010, ce qui représente0,8 % de la population totale. Selon une nouvelle estimation en 2016, ily a 3,3 millions demusulmans vivant aux Etats-Unis et représentent environ 1% de la population totale desEtats-Unis. Les premiers cas documentés de musulmans ayant posés le pied sur le solaméricain sont ceux de Ayuba Suleiman Diallo et Omar ibn Said, deux esclaves d'Afriqueoccidentale arrivés dans le pays au XIXe siècle. La plus ancienne communauté musulmaneest la Ahmadiyya Muslim Community, créée en 1921, qui précède de peu la Nation of Islam(1930). Très minoritaire à l'origine, la population musulmane a considérablementaugmenté au cours du XXe siècle, en grande partie du fait de l'immigration3 (65 % desmusulmans sont nés à l'étranger) et de la hausse des conversions. Les récents immigrésmusulmans, venant notamment d'Asie du Sud (Inde, Pakistan...) et de pays arabescomposent la majorité de la population musulmane totale. Les musulmans américains nésen Amérique sont principalement des Afro-américains qui représentent un quart de lapopulation musulmane totale.