Donald Trump, un candidat trouble-fête pas du tout prévu dans le scénario policé républicain Le deuxième débat des primaires présidentielles républicaines aux Etats-Unis aura lieu aujourd'hui, avec 11 candidats. Au centre figureront deux hommes qui n'ont jamais été élus, Donald Trump et Ben Carson, portés par une vague de rejet des politiques «traditionnels». Le premier a fait fortune dans l'immobilier, son nom orne des gratte-ciels, des hôtels et des golfs de New York à Istanbul, et il a animé jusqu'à cette année une grande émission de télévision, The Apprentice, où Arnold Schwarzenegger vient de le remplacer. Donald Trump avait souvent flirté dans le passé, dont en 2012, avec une candidature aux primaires, que beaucoup imaginaient motivée par une volonté de s'offrir un coup de pub. Mais à la surprise générale, son discours brutal de rejet de la classe politique, accusée d'être corrompue et d'avoir coulé l'Amérique, convainc aujourd'hui près d'un républicain sur trois, dans un contexte de défiance généralisée à l'égard des élus de Washington, notamment du Congrès. Son envol s'est accompagné de l'ascension, plus discrète mais avérée dans les sondages, de Ben Carson, ancien chef du service de neurochirurgie pédiatrique de l'hôpital Johns Hopkins à Baltimore - célèbre dans son ancienne vie pour avoir participé à une opération pionnière de séparation de deux jumeaux attachés par la tête, en 1987. Sa nouvelle notoriété date de 2013, quand ce républicain noir a commencé à critiquer violemment Barack Obama et sa réforme du système de santé, qu'il a un temps comparée à l'esclavage. A eux deux, ils rassemblent près de la moitié des républicains - un choc pour le parti, qui avait commencé l'année en imaginant une longue bataille entre gouverneurs et sénateurs, entre élus pour qui la Maison Blanche représentait l'étape naturelle d'une carrière sans faute. Les Américains «cherchent un outsider, c'est évident», a analysé Donald Trump samedi dans une interview. Donald Trump sera au centre de la scène du débat télévisé d'aujourd'hui, qui sera diffusé sur la chaîne CNN. Il sera entouré des 10 autres candidats qualifiés, dont Ben Carson et le troisième des sondages, Jeb Bush. «Il paraît qu'ils vont tous essayer de m'attaquer», s'est amusé Donald Trump lundi devant plusieurs milliers de personnes dans la grande arène sportive de Dallas, au Texas. «Ça m'est égal». Fidèle à ses habitudes, il s'est vanté de la taille de la foule venue le voir, et de sa popularité: «les sondages sont sortis et on tue vraiment tout. On tue tout». Selon lui, la «majorité silencieuse», un terme popularisé par Richard Nixon, est de retour, mais elle n'est plus silencieuse. «On devrait peut-être l'appeler la majorité bruyante, agressive, la majorité qui veut gagner. On en a marre d'être baladés par des gens incompétents». Donald Trump s'est fait beaucoup d'ennemis, et s'en amuse, car chaque dispute ajoute à la distance qu'il veut mettre entre lui et la classe des «politiciens». Le milliardaire clame qu'il est le seul incorruptible de la campagne, puisqu'il finance sa candidature avec sa propre fortune, estimée par Forbes à quatre milliards de dollars. Le sénateur Rand Paul l'a attaqué sur ses liens supposés avec les Clinton. Donald Trump a échangé d'innombrables invectives avec les candidats Rick Perry, qui a depuis abandonné la course, et Lindsey Graham, jugé incompétent. Très bas dans les sondages, le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal a traité Donald Trump d' «égocentrique». Carly Fiorina, ex-PDG de Hewlett-Packard et relative novice de la politique, est la dernière en date à se disputer avec le milliardaire, après qu'il a apparemment jugé son visage indigne d'une présidente. «C'est le visage d'une femme de 61 ans. Je suis fière de chaque année et de chaque ride», lui a-t-elle répondu à distance lundi, en exploitant la polémique à son profit avec une vidéo très reprise dans les médias. Donald Trump était resté Trump lors du premier débat: brusque et provocateur, se plaignant parfois que ses contradicteurs ne soient pas «gentils» avec lui. Il assure qu'il n'attaque jamais le premier.