Regard n Le film documentaire «Un film algérien» du réalisateur libanais Rani Bitar, une enquête sondant les avis de cinéastes et acteurs algériens sur la réalité de la production cinématographique en Algérie, a été présenté samedi soir à Alger. D'une durée de 95 mn, ce film visant à établir un état des lieux du cinéma algérien depuis l'indépendance, a été projeté en compétition documentaire des 6e Journées cinématographiques d'Alger (Jca) inaugurées jeudi. Depuis Paris, le réalisateur va à la rencontre de cinéastes algériens connus dont le travail a déjà brillé sur la scène internationale pour approfondir certaines questions visant à définir le cinéma algérien et étudier les possibilités offertes aujourd'hui à un cinéaste en Algérie et les mécanismes de production existant. Des entretiens sont filmés avec des réalisateurs dont Karim Moussaoui, Lyes Salem Merzak Allouache ou encore Farouk Belloufa qui s'accordaient à pointer du doigt «l'absence d'industrie cinématographique et la rareté des salles» de projection qui «empêche» l'essor du septième art dans un pays possédant un «potentiel infini» dans ce domaine. Dans son intervention, Merzak Allouache a souligné que le cinéma algérien entre actuellement dans un cycle de production de «films de célébrations», des commandes occasionnels des pouvoirs publics, après être passé par la «génération de l'image manquante» pendant les années de terrorisme, et par le «cinéma d'Etat» depuis l'indépendance jusqu'à la fin des années 1980. Cette «génération de l'image manquante» est également évoquée par Lyes Salem, réalisateur, entre autres, de «Mascarade» et «El Wahrani», qui estime qu'il est aujourd'hui "impossible" de produire un film à 100% algérien vu l'absence de laboratoire d'images, de studios et de salles, même si les paysages et la nature de la société algérienne restent une «mine d'or» pour un réalisateur. En seconde partie du film l'équipe de tournage s'envole pour Alger pour rencontrer l'universitaire et critique de cinéma Ahmed Bedjaoui, le réalisateur et producteur Bachir Derraïs ou encore le producteur Yacine Bouaziz qui évoquent, en plus de plusieurs mauvaises décisions prises par le passé dans ce secteur, une relève «très discrète» et qui «manque souvent d'audace» pour monter des projets dans certains registres cinématographiques encore inexplorés. A cela vient s'ajouter une "absence de formation" dans le domaine technique et une "rareté" de techniciens qualifiés. S'il confirme des réalités déjà connu des professionnels, des observateurs et même du public, «Un film algérien» ne donne cependant pas la parole à un grand nombre de cinéastes algériens reconnus, relèvent des spectateurs qui reprochent au réalisateur de ne pas avoir «approché des responsables» du secteur à différentes époques pour en apprendre un peu plus sur la gestion du cinéma algérien. le mouvement "InfidjArt" revendiquant une meilleure formation et une reconnaissance des diplômes de l'école.