Résumé de la 341e partie n Tous se retournèrent pour voir qui avait prononcé ces paroles et ils me dévisagèrent comme s'ils voyaient un fantôme. Après quoi, ils se ruèrent vers moi comme un seul homme — les policiers, Desmond, ses parents, le majordome en livrée blanche — les mains tendues, comme s'il s'agissait d'une course dont j'étais le premier prix. — Grand-mère ! Madame Lee ! Madame ! Harmonie ! Chacun m'appelait à sa façon en jouant des coudes pour avoir l'honneur de m'escorter jusqu'à un siège. Ne voyaient-ils pas que je n'étais pas invalide ? Certes, j'avais quatre-vingt-neuf ans (et même quatre-vingt-onze pour eux) mais j'avais ma canne et le solide bras de M. Sung pour me soutenir, et me faire asseoir sur une banquette trop profonde et trop basse et donc parfaitement impraticable. Tandis que je me laissais tomber doucement dans la banquette avec l'aide du policier et de Jonathan, venus à la rescousse de M. Sung, je dis à Desmond : — Mauvais feng shu. Il ne faut jamais s'asseoir plus bas que ses genoux. Tout le monde rit — un rire nerveux—, car comment devait-on se comporter en présence d'un fantôme ? Ils formèrent cercle autour de moi comme des acteurs qui attendent le lever du rideau. M. Knight, qui avait pris appui contre le tronc rose d'un palmier en verre à l'intérieur duquel des bulles montaient et descendaient en silence, semblait tout à la fois content, fâché et ahuri. Lorsque je croisai son regard je vis une grande intelligence, un esprit vif, organisé, et capable de prendre rapidement des décisions. Je vis un esprit enclin à la revanche, et qui songeait déjà à la manière dont il aurait pu tirer parti de cette nouvelle situation. Je vis qu'une fois encore, comme ç'avait été le cas en 1936, lorsque j'avais engagé une bataille juridique contre le père de M. Sung, ma société pharmaceutique allait faire la une des journaux. — Eh bien ? dit Adrian avec sa brusquerie habituelle. Allez-vous nous dire ce que tout cela signifie ? Je dois avouer que je n'ai jamais beaucoup aimé Adrian car, bien qu'il fût le fils de mon bien-aimé Gideon, Adrian tenait davantage de sa mère et je n'ai jamais beaucoup apprécié Olivia. Margo plongea la main dans son sac en crocodile, et en sortit un étui à cigarettes en or. Elle alluma une ciga-rette avec un briquet en or gravé à ses initiales, avec les mêmes gestes qu'Olivia. — Oh, oui, dites-nous tout, dit-elle en recrachant une bouffée de fumée. Je parie que c'est une histoire à mourir de rire. — Grand-mère, dit Charlotte, en émergeant soudain de sa stupeur. Tu nous as fait croire que tu était morte. Et pourtant, tu n'avais jamais menti de ta vie. — Je n'ai pas menti, Charlotte-ah. Je suis bel et bien morte. Quelqu'un laissa échapper un «oh» de stupeur, teinté d'incrédulité. A suivre