Situation n A la veille d'une réunion internationale demain jeudi à Munich pour relancer le processus de paix en Syrie, la Turquie maintenait sa frontière fermée aux dizaines de milliers de civils ayant fui la vaste offensive de l'armée syrienne à Alep. La ville allemande accueille demain jeudi le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) rassemblant 17 pays et trois organisations multilatérales qui ont adopté en novembre dernier à Vienne une feuille de route diplomatique sur le conflit. Ce texte, consacré par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU le 18 décembre, réclame notamment l'instauration d'un accès humanitaire aux villes syriennes assiégées et un cessez-le-feu. Depuis l'intervention russe en septembre 2015 décidée par le président Vladimir Poutine, les rebelles reculent dans plusieurs régions, en particulier dans la province d'Alep. L'armée se trouve à seulement 20 km de la frontière turque et se rapproche de Tall Rifaat, un des trois derniers fiefs des rebelles qui décrochent de certaines positions pour minimiser leurs pertes. La stratégie des forces syriennes «est de fermer la frontière turque pour priver les rebelles du soutien logistique», souligne Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, alors qu'Ankara appuie les rebelles. L'ONU évalue à 31 000 le nombre de Syriens, dont 80% de femmes et d'enfants, ayant fui depuis le 1er février l'offensive de l'armée syrienne, qui, avec l'appui de l'aviation russe, du Hezbollah libanais et de miliciens, a repris plusieurs secteurs dans le nord de la province d'Alep et assiégé les rebelles dans les quartiers est de la ville éponyme. Les camps de déplacés à la frontière turque sont désormais pleins et «il n'y a plus suffisamment de place pour accueillir toutes les familles», selon Ahmad al-Mohammad, de Médecins sans frontières (MSF). Dans la ville d'Azaz, à 5 km de la frontière, des familles entières sont contraintes de dormir dans le froid à la belle étoile ou de se serrer à 20 dans des tentes conçues pour sept personnes, a-t-il ajouté. L'ONU a appelé hier mardi la Turquie à ouvrir sa frontière aux dizaines de milliers de civils massés dans des camps saturés. Malgré les appels de la communauté internationale, Ankara maintient fermé le poste-frontière d'Oncupinar, le seul point de passage accessible entre le nord de la province d'Alep et la Turquie. «Nous demandons à la Turquie d'ouvrir sa frontière à tous les civils de Syrie qui fuient le danger», a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, William Spindler.