Incertitudes n Le vote pour l'approbation du nouveau gouvernement d'union nationale libyen par le Parlement reconnu internationalement a été «reporté». «La séance a été suspendue et se poursuivra ce mardi», a en effet, déclaré le député Khalifa al-Deghari, précisant que les parlementaires voulaient «connaître le programme du gouvernement et discuter des CV des ministres». Le Premier ministre pressenti pour conduire ce gouvernement, Fayez al-Sarraj «n'a pas communiqué directement avec le Parlement et c'est pourquoi nous demandons qu'il soit présent. Il peut demander le report de la séance mais nous voulons le voir présent au Parlement », a-t-il ajouté. Ce report du vote pour le gouvernement présenté dimanche soir par le Conseil présidentiel libyen parrainé par l'ONU intervient en dépit des pressions de la communauté internationale inquiète du chaos qui sévit en Libye en proie à la menace terroriste. L'heure est au bilan. Cinq ans après la révolte populaire, les Libyens ont quasiment perdu espoir de voir un Etat de droit instauré dans un pays divisé, affaibli et menacé par l'expansion jihadiste. Malgré l'annonce dimanche de la formation d'un gouvernement d'union nationale, l'incertitude demeure sur son approbation par le Parlement reconnu internationalement et sur sa capacité à imposer son autorité dans un pays miné par les conflits entre factions rivales. Profitant du chaos politique et sécuritaire qui s'est installé depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) a gagné du terrain. La ville de Syrte, sur les bords de la Méditerranée, (450 km à l'ouest de Tripoli), est devenue son sanctuaire, à moins de 300 km de l'Europe. L'EI en a fait une base d'entraînement de jihadistes libyens et étrangers. Les Européens craignent qu'avec son port et son aéroport, Syrte ne devienne une rampe de lancement pour de futures attaques sur son sol. L'EI « voit probablement la Libye comme le meilleur pays où établir son hub régional », « Les stocks importants d'armes et les frontières poreuses ont fait de la Libye le principal carrefour de transit pour les jihadistes d'Afrique du Nord pour rejoindre la Syrie et l'Irak», relèvent des observateurs et experts. Cependant ,les deux autorités qui se disputent le pouvoir depuis plus d'un an et demi se sont montrées incapables d'enrayer la montée jihadiste. La Libye est divisée entre un gouvernement reconnu par la communauté internationale exilé dans l'Est, et un autre basé à Tripoli proche d'une coalition de milices dont certaines islamistes. Si le pays dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique, estimées à 48 milliards de barils, sa production, environ 1,6 million b/j en 2011 a chuté d'un tiers depuis. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, 1,9 million des six millions de Libyens ont besoin d'une aide sanitaire d'urgence, alors que le pays manque de personnel de santé, de médicaments et de vaccins.