L'UA, réunie a Addis-Abeba, a désigné hier un groupe de cinq chefs d'Etat pour aider à la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye et tenter ainsi de contrer la progression du groupe EI dans ce pays en proie au chaos. «Le soi-disant EI (groupe Etat islamique) se propage vers l'est de la Libye, frappant les installations pétrolières comme à Ras Lanouf et souhaitant élargir sa présence dans ce pays, y compris au sud», a rappelé hier à la presse le Commissaire Paix et Sécurité de l'UA Smaïl Chergui. «C'est un aspect qui nous préoccupe tous et qui commande une action vigoureuse mais nous ne pouvons le faire que si nous avons un gouvernement en place et des forces libyennes que nous pourrons à ce moment-là encadrer, équiper», a-t-il expliqué. La Libye, où de nombreux groupes et milices se disputent le pouvoir, est en proie au chaos depuis la chute de Maâmar El Gueddafi en 2011. Cette situation a permis à l'EI de s'établir et de prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs. Après un laborieux processus de négociations lancé par l'ONU il y a un an, un accord sur un gouvernement d'union a été signé mi-décembre au Maroc. Il a toutefois été rejeté lundi dernier, dans sa forme actuelle, par le Parlement internationalement reconnu de Tobrouk. «Nous ne croyons pas pour le moment à une solution militaire pour la crise libyenne. Cela compliquerait davantage la donne», a déclaré M. Chergui. «Les chefs d'Etat ont décidé de relancer le groupe de contact de haut niveau sur la Libye qui sera composé de cinq chefs d'Etat, pour prêter main forte aux efforts en cours», a-t-il annoncé. On ignore en l'état la composition de ce groupe. Les chefs d'Etat africains ont également nommé l'ancien président tanzanien Jakaya Kikwete nouvel envoyé spécial de l'UA sur la Libye, qui succède ainsi à l'ex-Premier ministre djiboutien Dileita Mohamed Dileita Au plan politique, le Premier ministre désigné du gouvernement d'union en Libye, Fayez el-Sarraj, a rencontré samedi soir le général controversé Khalifa Haftar, chef des forces loyales aux autorités reconnues internationalement, pour discuter du conflit politique. Cette rencontre, qui n'avait pas été annoncée, s'est déroulée à al-Marj (est) en présence de plusieurs membres du gouvernement d'union nationale, a indiqué un communiqué publié sur la page officielle du conseil de présidence sur Facebook. Elle intervient alors que M.Sarraj doit proposer dans les prochains jours une nouvelle composition de son gouvernement, plus restreinte que celle qui a été rejetée lundi dernier qui comptait 32 ministres. La réunion «s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres» qui permettent à M.Sarraj de prendre connaissance des «opinions, craintes et inquiétudes des parties influentes dans la crise» politique qui sévit depuis plus d'un an et demi, poursuit le communiqué. Réagissant hier à cette rencontre, le chef de la mission de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a estimé sur Twitter que «parler ne peut jamais être une violation de l'accord politique libyen car seul le dialogue politique peut faire progresser». M.Kobler avait exprimé mercredi «l'impatience» de la communauté internationale face à l'incapacité des acteurs politiques libyens à sceller une réconciliation, soulignant qu'elle favorisait «l'expansion militaire» des jihadistes du groupe Etat islamique. Cette rencontre a cependant été critiqué par un membre du conseil présidentiel, Ahmed Miitig, selon lequel M. Sarraj a agi seul et n'a pas averti ce conseil de son intention d'aller rendre visite à Haftar. A Paris, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé hier «urgent» de trouver une solution politique à la crise libyenne. «Je suis très inquiet sur la Libye, depuis septembre 2014. Ils (les combattants de l'EI) sont là, sur près de 300 kilomètres linéaires de côtes, et ils se répandent. Et ils sont à 350 kilomètres de Lampedusa», a-t-il ajouté.