Mesure n La prolongation jusqu'à fin mai de l'état d'urgence, décrété après les attentats de Paris, a été approuvée hier, alors que le gouvernement prédit «d'autres attaques d'ampleur» en Europe. Une semaine après un vote massif du Sénat, les députés ont adopté par 212 voix contre 31 la prolongation jusqu'au 26 mai de ce régime d'exception mis en place après les attaques de Paris qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés. L'état d'urgence est soutenu par la majorité de la classe politique française, et quatre Français sur cinq étaient favorables à une nouvelle prolongation de trois mois, selon un récent sondage. Il est en revanche critiqué par le Conseil de l'Europe, qui a regretté des abus de la police, ainsi que par une partie du monde du droit et des associations, notamment la Ligue des droits de l'Homme. Ce régime d'exception permet notamment au ministre de l'Intérieur d'assigner à résidence toute personne dont le «comportement» est jugé comme «une menace pour la sécurité et l'ordre publics», et d'ordonner «des perquisitions à domicile de jour comme de nuit», sans implication de la justice. Depuis novembre, quelque 3 340 perquisitions administratives ont été menées et 578 armes saisies. Plus de 340 personnes ont été mises en garde à vue et 285 assignations à résidence sont toujours en vigueur. Depuis le début de l'année, 40 personnes ont été interpellées pour leur implication présumée dans des filières, pour des menaces ou apologie du terrorisme, selon le ministre français de l'Intérieur. Face aux critiques sur ce bilan modeste, Bernard Cazeneuve a souligné ce mardi les avantages induits selon lui par l'état d'urgence. Les perquisitions «ont pour effet de désorganiser les réseaux qui arment et financent le terrorisme, en particulier à travers les trafics d'armes et de stupéfiants», a-t-il expliqué aux députés. «Les éléments collectés peuvent alimenter des dossiers de renseignement qui donneront lieu le cas échéant à judiciarisation plusieurs semaines ou plusieurs mois plus tard», a-t-il ajouté. La menace terroriste «est plus élevée que jamais», a fait valoir Bernard Cazeneuve en soulignant que le «péril imminent n'a pas disparu». «C'est une certitude» qu'il y aura d'autres attentats «d'ampleur» en Europe, avait affirmé samedi le Premier ministre français Manuel Valls, en estimant que le monde était entré dans une époque d'«hyperterrorisme». Le Sénat avait déjà validé mardi dernier cette prolongation, par 316 voix contre 28. R. I. / Agences Sarkozy mis en examen l L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen (inculpé), hier, pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, un nouvel obstacle dans sa stratégie de reconquête du pouvoir, déjà mise à mal au sein du parti Les Républicains qu'il dirige. L'ex-chef de l'Etat (2007-2012), qui ambitionne de disputer la primaire de son camp à l'automne pour revenir au pouvoir à la faveur de la présidentielle de 2017, a été entendu toute la journée par le juge financier, qui soupçonne que ses comptes de campagne de 2012 ont été truqués pour cacher une explosion du plafond légal des dépenses de 22,5 millions d'euros. A l'issue de cette audition, il a «été mis en examen du chef de financement illégal de campagne électorale pour avoir, en qualité de candidat, dépassé le plafond légal de dépenses électorales», a annoncé le procureur de la République de Paris. Une enquête menée depuis février 2014 sur des contrats surfacturés passés entre le parti de droite UMP et une société prestataire de services, Bygmalion, a progressivement mis au jour un montage complexe destiné à masquer l'explosion des dépenses de campagne de Sarkozy. En tout, quelque 18,5 millions d'euros de dépenses auraient été indûment imputés au budget de l'UMP en lieu et place de l'équipe de campagne de M. Sarkozy.